Les syndicats de médecins soutiennent la grève des internes
[Mise à jour le 10/10/22]
Plusieurs organisations syndicales de médecins et de personnels hospitaliers ont annoncé, ce jeudi 6 octobre, leur soutien à la mobilisation des internes en médecine prévue le 14 octobre. Ainsi, l'AMUF, le SNPHARE, l'APH, la CFE-CGC et la CGT Santé se joindront à la grève et à la manifestation prévue devant le ministère de la Santé à Paris, à 14h. Un rassemblement organisé par l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) et l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) pour protester contre l’ajout d’une quatrième année d’internat au DES* de médecine générale à réaliser "en priorité dans les zones sous-denses" et leurs conditions d’études.
"Après avoir lutté sans relâche contre le Covid, ce n'est pas à nous de payer le tribut pour les politiques désastreuses des années 1980 et 1990 en matière de démographie médicale", a ainsi martelé Olivia Fraigneau, présidente de l'Isni, dans un communiqué.
Alors que l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a également annoncé rejoindre le mouvement, la CSMF a souhaité faire part de son soutien aux carabins. "Envoyer les internes, seuls, dans des déserts médicaux serait irresponsable tant vis-à-vis de la population concernée que de nos jeunes confrères", estime le syndicat dans un communiqué. Son président, le Dr Franck Devulder, dit soutenir "l'inquiétude des étudiants qui se sentent piégés dans ce dispositif" et qui "refusent d'être une variable d'ajustement" et appelle donc, lui aussi, à manifester. "La CSMF soutient leur mouvement et appelle le Gouvernement à trouver la voie de la concertation. Voir les jeunes médecins dans la rue est un échec pour tous", déplore le syndicat dans un communiqué.
"Si une quatrième année professionnalisante est nécessaire pour la médecine générale comme pour les autres spécialités, lier cette quatrième année aux problèmes démographiques dont souffrent la médecine générale et les patients est une erreur", prévient également le syndicat de généralistes MG France, dans un communiqué, apportant son soutien aux internes. "Toute coercition portant sur cette seule spécialité diminuera l’attractivité de la filière universitaire de médecine générale et détournera les jeunes du métier de médecin traitant au lieu de les motiver à choisir cette voie", craint l'organisation de la Dre Agnès Giannotti.
MG France appelle par ailleurs l’équipe missionnée par le ministre de la Santé à entendre les revendications des internes "afin de permettre la mise en place des conditions d'une quatrième année répondant à leurs légitimes attentes".
"On ne résoudra pas la question des déserts médicaux par la contrainte ni en faisant porter sur les épaules de la jeunesse le poids de 25 ans d’erreurs commises par les gouvernements successifs au nom de la maîtrise comptable des dépenses", renchérit le SML dans un communiqué. Considérant que "le conventionnement sélectif est la pire des solutions et elle va aggraver la crise des vocations", le syndicat prévient aussi qu’envoyer des internes seuls dans des zones sous-denses "serait totalement irresponsable, vis-à-vis de la population” étant donné la pénurie de maîtres de stage universitaires. "Les mesures contenues dans le PLFSS 2023 doivent être retirées et le SML apporte son total soutien à la mobilisation des internes le 14 octobre", indique donc le syndicat.
Considérant la quatrième année comme un "simple étayage à un mur qui s'effondre", le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, a estimé, dans un communiqué en soutien aux futurs médecins, que cet ajout au DES de médecine générale, "sans co-construction avec les syndicats d'externes et d'internes, ne peut être perçu que comme un passage en force dont la seule justification est de valider une promesse présidentielle". "Au regard de leur engagement" au sein des hôpitaux publics, "c'est la nation qui est redevable" envers les internes, a-t-il ajouté, réclamant "un investissement de la nation à la hauteur de la place de la médecine de ville et de son développement au sein du système sanitaire français".
*Diplôme d'études spécialisées
[avec AFP]
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