Front uni contre les prix "exorbitants" des nouveaux médicaments

20/06/2018 Par Catherine le Borgne
Assurance maladie / Mutuelles
A quelques semaines de plusieurs rendez-vous importants concernant la fixation des prix et l'accès aux médicaments, huit associations réunissant malades, consommateurs et professionnels* ont formé un front commun autour d'un livre blanc pour réclamer au gouvernement plus de transparence dans les processus d'élaboration des prix "exorbitants" des nouveaux médicaments.

  "L'inflation continue" des prix des nouveaux médicaments, "injustifiée et inacceptable", menace le système d'Assurance maladie et "l'accès équitable" aux soins, ont dénoncé devant la presse huit organisations de défense des malades et des professionnels. Les prix des traitements "qualifiés d'innovants", notamment contre le cancer, l'hépatite C ou les maladies rares, augmentent de manière "significative" et "injustifiée" depuis de nombreuses années et sont devenus "exorbitants", critiquent ces associations dans un livre blanc publié conjointement. En oncologie, "le coût moyen d'une année de vie gagnée est passé de 15.877 euros en 1996, à 175.968 euros en 2016 (…) . Au gramme, certains médicaments valent littéralement le prix de l'or !", ironise Catherine Simonin, de la Ligue contre le cancer. Les laboratoires "demandent des prix astronomiques même quand les médicaments n'ont pas nécessité d'investissement important en recherche et développement", renchérit l'association UFC-Que Choisir. L'UFC cite l'exemple de plusieurs médicaments, dont le "Keytruda", indiqué dans le traitement de certains mélanomes, pour lequel "la Haute autorité de santé a estimé que l'amélioration du service médical rendu" n'était "que mineure par rapport aux traitements existants", mais qui coûte en France jusqu'à "72.000 euros par an". En cause, selon ces associations : la négociation "opaque" des prix entre gouvernements et industriels du secteur, les "pressions" exercées par les laboratoires et leur "manque de transparence", concernant les coûts de production et de recherche ou encore l'évaluation des médicaments. "La protection intellectuelle au travers des brevets est dévoyée par l'industrie pharmaceutique, pour maintenir sa situation de monopole", a dénoncé Caroline Izambert, de Aides, prenant exemple du "certificat complémentaire de protection" demandé par Gilead pour sa molécule préventive Truvada, contre le VIH,  repoussant ainsi de trois années l'arrivée de génériques. "Pour l'assurance maladie, ces trois années sans générique représentent un surcoût de 760 millions d'euros". En France, les instruments utilisés lors des négociations conventionnelles sont "inflationnistes a notamment critiqué Olivier Maguet, pour Médecin du Monde, reprenant les accusations de la Cour des comptes, formulées en 2017. Ces négociations reposent notamment sur la fixation d'un prix public élevé associé à des "remises confidentielles" consenties par les laboratoires en fonction des volumes de vente. "Entre 2008 et 2013, les médicaments dits "rétrocédés", contre le cancer, le VIH et le VHC, ont connu une inflation de 141,6 %". Pour que le budget soit en équilibre, les pouvoirs publics "déremboursent, font jouer la clause de sauvegarde, donnent des coups de rabots sur les médicaments de tous les jours a-t-il critiqué. Ce règlement est "inflationniste et inefficient". "Combien de temps sera-t-il possible de garantir un accès aux meilleurs traitements à tous ? Des critères d'accès seront-ils-définis ?", s'est aussi interrogée la représentante de La Ligue contre le cancer, Catherine Simonin. Enfin le mot "innovation", utilisé pour décrire ces nouveaux traitements, n'est pas toujours garant d'une "véritable amélioration" du service médical rendu, la mise sur le marché pouvant s'effectuer, après des procédures accélérées, "sur la base d'une connaissance très limitée", a regretté M. Chirac, pour la revue Prescrire. Pour sa part, l'UAEM (Universités alliés pour les médicaments essentiels) a réclamé plus de transparence, sur le coût de la recherche et développement, dans les essais cliniques et dans le mécanisme de fixation des prix. "30 % des sommes consacrée à la recherche, sont versées par le gouvernement, a rappelé le représentant de Médecin du Monde. Il n'est pas vrai que l'industrie détient le monopole, les sommes qu'elle consacre au marketing et aux rachats sont plus importantes que celles consacrées à la recherche et développement". Enfin, à plusieurs reprises Alain-Michel Ceretti, le président de FranceAssosSanté, a plaidé pour une négociation de prix à l'échelle européenne, tous les pays unis pouvant dès lors, "inverser le rapport de force alors qu'il y a aujourd'hui, une balkanisation des négociations, sans aucune transparence". [Avec AFP]   *Médecins du monde, UFC-Que Choisir, La Ligue contre le cancer, FranceAssosSanté, Prescrire, Médecins sans frontières,  Universités alliées pour les médicaments essentiels (UAEM) et Aides.  

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