"C'est n'importe quoi, c'est limite attaquable. Ces 10 % d'augmentation des mutuelles avec la mise en place du reste à charge zéro relèvent d'une estimation au doigt mouillé qui ne repose sur rien." Ce mardi matin, invité par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Olivier Véran, président (LREM) de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, neurologue et rapporteur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2019, s'est prêté au jeu des questions-réponses, quelques heures avant de défendre le projet dans l'hémicycle. L'origine de l'énervement du député isérois, c'est une étude réalisée par le cabinet de conseil en mutuelles de santé Santiane, présentée ce mardi dans Le Parisien et sur Franceinfo "et qui tourne en boucle", avançant que la mise en place du reste à charge zéro pour les prothèses auditives, dentaires et les lunettes allait se traduire par une augmentation de près de 10 % des cotisations des retraités, alors que le Président de la République s'était engagé à ce que l'opération soit sans débours d'argent pour les patients. De plus, face à cette hypothèse d'augmentation de la cotisation de 170 à 192 euros par mois pour un couple, par exemple, il y aurait selon Pierre-Alain de Malleray, le président de Santiane, sur Francinfo, un risque de renoncement aux soins ou de développement "des contrats non responsables n'appliquant pas le reste à charge zéro (…) pour un prix beau coup plus abordable". Olivier Véran réfute sans nuance cet argumentaire. Pour lui, le coût de ce reste à charge zéro pour les mutuelles et assurances privées serait de 250 millions par an – l'assurance maladie acquittant les 750 millions restants. "Ces 250 millions d'euros sont à mettre en regard des 54 milliards annuels de prestations acquittées par les organismes complémentaires. Où voyez-vous une augmentation de 10 % ? s'est-il interrogé en soulignant l'augmentation régulière, "par 2,50, depuis 6 ans", des frais de gestion des organismes, répercutés sur les cotisations. Selon les projections officielles, cette "mesure sociale très forte" devrait induire un recours de 10 % supplémentaire, à l'audioprothèse. "Lorsque je reçois leurs représentants, les mutuelles et assurances privées estiment qu'il s'agit d'une bonne disposition et qu'elles pourront sans problème absorber ce coût". Néanmoins, Agnès Buzyn a déjà prévenu qu'un observatoire des coûts des organismes de protection complémentaire serait mis en place, ceci pour éviter les dérapages qui pourraient anéantir l'impact social de la mesure. [Avec franceinfo.fr et Le Parisien.fr]
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