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Prescriptions d'arrêts maladie : "Trop de spécialistes d'organe et d'urgentistes rejettent la responsabilité sur les seuls médecins traitants"

Alors que les médecins généralistes sont nombreux à déplorer une surcharge de tâches administratives, le Dr Guillaume Dewevre, secrétaire général de l'UFML-S, appelle, dans une tribune qu'Egora publie en intégralité, à une série de mesures pour les soulager dans leur exercice. Les simplifications qu'il propose permettront de redonner de "l’attractivité" à la médecine générale, plaide-t-il.

29/10/2024 Par Dr Guillaume Dewevre
Médecine générale Spécialistes
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"Médecins généralistes : nous sommes, toutes et tous, spécialistes !

Alors que les études de médecine durent plus de 10 ans, avec une 4ème année d’internat en médecine générale (MG), il est encore des évidences qui doivent être défendues et des aberrations dénoncées.

La prise en charge globale du patient, l’obligation déontologique de moyens, la collégialité et la confraternité méritent d’être rappelées concernant les prescriptions médicales de bons de transport, les avis d’arrêt de travail et les ordonnances spécifiques (ALD, sécurisées ou d’exception).

Si un certain nombre de spécialistes d’organe mais aussi de médecins urgentistes assument leur part de tâches administratives, trop nombreux sont encore ceux qui considèrent que ces prescriptions ne les concernent pas et en rejettent la responsabilité sur les seuls médecins généralistes traitants.

NON, les MG ne sont pas les seuls autorisés ou capables de rédiger les bons de transport.

Le Cerfa 50742#06* stipule bien en notice : ‘Comme toute prescription de transport, celle-ci doit être remplie et signée par le prescripteur des soins. Le médecin traitant ne doit pas la remplir s'il n'est pas lui-même le prescripteur des soins concernés par le transport.’

Il est donc rappelé à chacun l’obligation de moyens afin de ne pas faire obstacle à l’accès aux soins mais nous encourageons les MG à ne plus accepter la rédaction des bons de transport pour d’autres professionnels, perpétuant une dérive que ne connaissons tous.

NON, les MG ne sont pas les seuls autorisés ou capables de rédiger des avis d’arrêt de travail.

Tous les médecins en exercice, installés, remplaçants, salariés, spécialistes d’organe et à fortiori urgentistes, dans leur mission de 1er recours, sont aptes et devraient en bonne intelligence et logique rédiger l’arrêt de travail initial des patients dont l’état de santé le nécessite.

On se doit d’ouvrir les yeux à ceux qui refusent une juste évolution des pratiques

Combien de RDV urgents et d’appels de patients, les MG acceptent-ils pour rédiger des arrêts de travail qui auraient pu, qui auraient dû être réalisés par d’autres ?

Comment justifier, en tant que soignants, de recevoir des patients au cabinet médical, sortant des urgences en béquilles avec une fracture plâtrée, un traumatisme articulaire, une pathologie sous traitement ou même après une chirurgie programmée, déconcertés par une absence d’arrêt initial ? 

Cet état de fait qui défie le bon sens n’a que trop duré. On ne peut que saluer les spécialistes qui sont déjà sensibilisés à cette problématique mais on se doit d’ouvrir les yeux à ceux qui refusent une juste évolution des pratiques.

Chaque prescripteur est pleinement responsable de ses ordonnances, concernant les règles de prescription et au plan médico-légal. 

Les médecins généralistes sont régulièrement sollicités par les patients ou pharmaciens afin de réaliser des correctifs d’ordonnances en ALD, ordonnances d’exception ou sécurisées, d’autres professionnels.

Or, à compter du 1er décembre 2024, les prescriptions d’antalgiques à base de tramadol et codéine devront l’être sur ordonnance sécurisée. 

Ainsi, on doit encourager les MG à ne plus rectifier les ordonnances car il est de la responsabilité du prescripteur initial de la modifier à l’appel du patient ou à défaut de son pharmacien.

Enfin, deux derniers sujets méritent d’être portés à la connaissance de tous :

Alors que près de 15% des médecins vont être conviés à un échange confraternel au sujet des prescriptions d’indemnités journalières, l’UFML-S défend une refonte du Cerfa AVIS D’ARRET DE TRAVAIL avec rajout de trois cases justifiant la prolongation des arrêts : 

-en attente d’avis du médecin conseil
-en attente d’avis du médecin du travail
-en attente d’avis spécialisé ou autres examens

Enfin, l’article 16 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024 défend la prise en charge par l’Assurance Maladie de produits de santé, actes et prestations fixés par arrêté de la ministre de la Santé, subordonnée à un énième formulaire à la charge du prescripteur. 

Cette contrainte imposée du respect strict des recommandations HAS remet en cause notre liberté de prescription et indépendance d’exercice. 

Cet article qui imposera aux médecins une surcharge administrative dans un but de maitrise des dépenses de santé est indéfendable en l’état. Toutes les recommandations HAS ne sont pas en accord avec celles des sociétés savantes mais surtout, nos patients ne peuvent se réduire à de simples recommandations d’experts.

Voici donc des décisions simples, constructives, de bon sens et collégiales qui permettraient de fluidifier l’exercice médical, libérant du temps de soin pour les médecins généralistes, avec une vision écologiquement et économiquement responsable, évitant nombre de déplacements et consultations ‘facultatives’.

Ce respect mutuel de l’exercice médical permettra de revaloriser l’activité et l’attractivité de la médecine générale, centrée sur le patient et le soin."

*Prescription médicale de transport 

 
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