C'était un compromis destiné à permettre au Sénat de sauver la face. L'amendement obligeant les internes de médecine générale à effectuer leur "dernière année" (la troisième) en désert médical, introduit par la chambre haute contre l'avis du gouvernement, était une ligne rouge pour les jeunes médecins. En commission mixte paritaire (CMP), la mesure controversée a été remplacée par l'obligation d'effectuer un stage en autonomie supervisée de six mois (le fameux Saspas) "en priorité" dans les zones sous-denses. Le texte de loi décidé en CMP prévoit d'ailleurs une possible extension de la mesure à d'autres spécialités "à exercice majoritairement ambulatoire", par simple décret. Las, cette disposition de repli n'a pas apaisé les syndicats juniors (Anemf, Isnar-IMG, Isni) qui dénonçaient vendredi dans un communiqué commun une "dérive politique". "Les parlementaires exigent que les étudiants aillent sur les territoires, mais il est impensable que ceci se fasse au prix de leur formation !", préviennent-ils, sommant le gouvernement de "mettre en œuvre tous les moyens" afin d'assurer la qualité de la formation.
Qu'est-ce qui suscite l'ire des jeunes médecins ? D'abord la pénurie de maîtres de stage universitaires (MSU), qui fait peser le risque... d'une mesure inapplicable dans les faits. "Seulement 50 % des internes de médecine générale ont pu réaliser un Saspas lors de leur dernière année d’internat" en 2016-2017, dénoncent-ils. Reste que la situation s'est améliorée depuis et que la mesure ne s'appliquera qu'à partir du 1er novembre 2021, ce qui laisse un peu de temps aux universités. Mais c'est la réalisation des Saspas "en priorité" en zone sous-dense qui agace le plus. La loi, non impérative dans sa formulation, implique néanmoins une "obligation de moyens pour les ARS et les UFR afin d'ouvrir des stages agréés au sein de ces zones", analyse l'Anemf dans son propre communiqué. D'où la crainte de stages au rabais, décidés sur des critères plus géographiques que pédagogiques. "En aucun cas, les critères d’agrément ne devront être différents en fonction de la zone où se situe le terrain de stage", prévient le syndicat. Du côté de l'Isni, on laisse même planer la menace d'un mouvement des internes. "La grève est une option, même si ce n’est pas la seule", indique son président Antoine Reydellet au Figaro, décrivant des internes "ulcérés". Une assemblée générale est prévue dans la soirée.
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