Ils s'opposent à la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine. Dans un communiqué, publié mardi 13 février, l'Anemf, l'Isnar-IMG et le Snemg* dénoncent les positions de la Conférence concernant la maquette du DES** de médecine générale en quatre ans. Celle-ci va à "l'encontre des volontés exprimées par les internes", avancent ces trois organisations, pointant du doigt une lettre envoyée la semaine dernière par la Conférence au Gouvernement au sujet de cette nouvelle maquette.
[CDP] Conférence des Doyens ou méconnaissance de la Médecine Générale
— ISNAR-IMG (@ISNARIMG) February 13, 2024
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En pleine réforme de l'internat de médecine générale – qui se déroule désormais en quatre ans -, l'Anemf, l'Isnar-IMG et le Snemg rappellent tout d'abord qu'ils défendent l'instauration d'un stage libre de six mois, ajustable selon le projet professionnel de chaque interne. Cette modalité est rendue possible "grâce au couplage du stage en santé de la femme et celui en santé de l'enfant", ajoutent les organisations : "La nouvelle maquette parue le 3 août 2023 par arrêté a finalement accédé à cette revendication."
Elle prévoit, en effet, un stage libre lors de la phase d'approfondissement devant être accompli "de préférence dans un lieu agréé en gériatrie, pédiatrie, psychiatrie, psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, gynécologie médicale ou gynécologie obstétrique", indique l'arrêté.
"Pourtant, la Conférence des doyens émet des réserves quant à cette nouvelle marquette, pointant [notamment] du doigt le risque de carence dans notre formation en pédiatrie", lancent l'Anemg, l'Isnar-IMG et le Sneg, dans leur communiqué. "Nous tenons à rappeler […] qu'un tel terrain de stage s'ajoute à deux semestres ambulatoires en phase socle et d'approfondissement, au cours desquels les internes apprennent également la santé de l'enfant."
Plus largement, l'association et les deux syndicats souhaitent rappeler que "le stage libre peut être effectué en pédiatrie pour tout interne le jugeant nécessaire". À l’ère de la remise en question du modèle hospitalo-centré, nous jugeons rétrograde de maintenir dans les hôpitaux des internes de médecine générale dont la pratique future sera très largement ambulatoire", insistent-ils.
"Pas de vocation à combler à bas coût un manque de professionnels"
Rappelant la nécessité pour les internes d'effectuer "une partie de leur formation à l'hôpital", l'Anemf, l'Isnar-IMG et le Snemg assurent soutenir "la réalisation de six mois de stage en hospitalier pendant la phase de consolidation si un interne le juge pertinent pour son projet professionnel". "Celle-ci se doit d’être professionnalisante en se rapprochant de l’exercice futur de chaque interne", écrivent-ils
Toutefois, "il est important de souligner que le DES de médecine générale n'a pas vocation à combler à bas coût un manque de professionnels de santé dans les services hospitaliers, mais à former les futurs médecins généralistes dont nous avons urgemment besoin", tonnent les trois organisations. En pleine crise, "la pression subie par les services hospitaliers ne peut plus justifier l'utilisation des internes en médecine générale comme mesure palliative aux manques de moyens humains".
L'association et les deux syndicats dénoncent également la position de la Conférence concernant la rémunération des internes. "En s'opposant à la mise en place d'une rémunération à l'acte", elle "s'oppose en réalité à une mesure ambitieuse pour l'amélioration de la qualité de vie des internes", pointent-ils. Dès octobre 2022, la Conférence des doyens ne s'était pas montrée favorable à la rémunération à l'acte des docteurs juniors ambulatoires. "Il faut qu’il y ait une équité. Si les internes de docteur junior de médecine générale sont payés à l’acte, il y aurait une rupture d’égalité par rapport aux internes des autres spécialités", indiquait le Pr Didier Samuel, alors à la tête de la Conférence.
"La grande majorité des internes demandent cette rémunération avec une part fixe et une part variable modulée à l’acte. Si cette innovation en matière de rémunération encourage les internes d’autres spécialités à œuvrer pour faire évoluer le modèle actuel du docteur junior, nous ne pouvons que nous en féliciter", assurent, de leur côté, l'Anemf, l'Isnar-IMG et le Snemg.
Les positions de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine "traduisent leur attachement à un modèle conservateur, injuste et obsolète", concluent les trois organisations, invitant les doyens à "écouter les médecins de demain".
*L'association nationale des étudiants en médecine de France, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale, et Syndicat national des enseignants de médecine générale
**Diplôme d'études spécialisées
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