Et ça se dit médecin raconte ses premiers remplacements : "Ça a été le baptême du feu"

14/07/2021 Par Marion Jort
Actuellement en sixième semestre de son internat de médecine générale, Et ça se dit médecin, star des réseaux sociaux connue pour ses contenus autour de la santé, a fait le choix de prendre une licence de remplacement. A quelques mois de terminer ses études de médecine, il revient sur cette expérience qui lui a “changé la vie” et lui permet de se sentir “armé” en tant que jeune médecin.  

Hyperactif dans la vie comme sur les réseaux sociaux, Et ça se dit médecin, interne en médecine générale, a décidé de se renseigner dès la validation de son troisième semestre pour pouvoir effectuer des remplacements. "Ça m'intéressait, c’était du concret”, explique-t-il. Pour parvenir à effectuer toutes les démarches nécessaires, il se fait aider par le syndicat des internes de Marseille, où il fait ses études de médecine. “Les choix de remplacements étaient très variés : je pouvais aller en cabinet, en établissement de santé, à la clinique, à l’hôpital ou SOS Médecin. En fait, quasiment n’importe où, car il y a une très forte demande.”  

Le carabin tranche finalement pour SOS Médecins. “Ça se rapproche plus de ce que j’aime”, affirme-t-il avant de confier : “Actuellement je suis en Saspas*, j’ai eu d’autres expériences en cabinet. Mais ce que j’ai pu constater, c’est que c’est l’enfer d’un point de vue administratif. Il y a beaucoup de paperasse, il faut gérer un tas de choses. Je n’aime pas ça et je ne me sens pas prêt pour l’instant pour gérer ça. C’est en partie pour cette raison que j’ai choisi SOS Médecins. Je me sens plus proche d’un exercice en hôpital, pourtant je ne suis pas un grand fan de l’hôpital. L’exercice regroupé, je ne sais pas ce que ça change parce que je n’ai pas eu cette expérience.”

Alors qu’il songe déjà à son mode exercice une fois qu’il sera thésé, en novembre, il espère aussi que les remplacements à SOS Médecins le conforteront dans ses choix. “L’avantage c’est que là, on a vraiment que le rôle du médecin et pas de l’administratif. Je viens pour le diagnostic et le traitement”, résume-t-il, regrettant de ne pas être mieux formé à l’exercice libéral au cours du cursus de médecine générale. “On est formés comme si on allait forcément être salariés de l’hôpital public. Alors qu’une grosse partie d’entre nous va exercer en libéral, on se rend compte qu’on a aucun cours là-dessus”, précise-t-il.  

 

Des ajustements pratiques et logistiques  

Covid oblige, il repousse ses premiers remplacements jusqu’au mois de mai. Et dès la première garde, il réalise qu’il lui reste encore beaucoup à apprendre. “Tout ce qui est lié à l’aspect médical, ça allé. Le premier jour, je n’ai rien eu de bien difficile que je n’avais pas déjà vu quand j’étais aux urgences ou en cabinet de MG.” Les problèmes, eux, touchent plutôt des points “organisationnels”. “On débarque chez les gens avec un sac à dos… Et bien, c’est bête mais j’ai dû changer de sac, parce que je me suis rendu compte que lorsque je rangeais mes outils dans mon sac, c’était rapidement le bazar et je perdais du temps”, plaisante-t-il. Idem pour les feuilles de soin : “On ne nous apprend pas à rédiger des...

feuilles de soins. On arrive à B+10 et on n’a jamais fait ça !”

Sur le tard, il se constitue aussi un sac d’urgences de visite. “Thermomètre, mètre-ruban pour le périmètre crânien, marteau réflexe, de quoi perfuser, suturer, de l’adrénaline, de quoi poser une voie...”, cite-t-il pêle-mêle. Au total, le carabin a investi 400 euros avant même de débuter. “C’est un coût mais je suis content maintenant d’être équipé. Jusque-là, je ne savais pas trop ce qu’il fallait. C’est une chose de faite !”, se satisfait-il.  

 

"Ce n’est pas quelque chose qu’on apprend dans les livres"

Et ça se dit médecin ne le cache pas : les premiers jours, il a douté et été moins à l’aise que pendant ses stages. Le cas d’une patiente lui a par exemple donné du fil à retordre. “Elle était anémiée, tachycarde, et présentait les symptômes d’une hémorragie digestive”, se souvient-il. Alors qu’il veut l’envoyer à l’hôpital, la patiente refuse catégoriquement de s’y rendre. “Ce n’est pas quelque chose qu’on nous apprend dans les livres. Dans les livres c’est plutôt ‘diagnostic, traitement’. Mais gérer la personne qui refuse de se faire soigner quand ça peut potentiellement être une urgence vitale, ça peut être très compliqué”, reconnaît-il. Ayant la chance d’être “très bien entouré” à SOS Médecins, il décide de prendre conseil auprès d’un confrère qui lui suggère de réaliser une alliance thérapeutique. “Il y avait son conjoint, son fils, j’ai fait en sorte qu’ils soient de mon côté pour essayer de la pousser vers les urgences. Finalement, on a réussi et j’ai su après qu’elle avait été traitée pour une hémorragie digestive, elle faisait un ulcère gastrique. C’est vraiment difficile car la gestion des personnes âgées qui se laissent aller à domicile, on ne nous l’apprend pas du tout.”  

Le fait d’être entouré par une équipe bienveillante le rassure. “L’équipe est très cool, on n’est jamais seuls sur la zone, il y a toujours deux ou trois médecins qui tournent. Tous m’ont dit que je pouvais les appeler en cas de doute ou de problème, que ce soit technique, de logiciel, ou avec un patient.” Il n'a d'ailleurs pas hésité quand il a dû se servir, pour la première fois, de l’appareil à ECG. “C’est pas du tout le même qu’à l’hôpital ! J’ai appelé ma référente alors qu’elle ne travaillait pas, elle m’a expliqué par téléphone comment il fallait l'utiliser”, plaisante le futur médecin. “J’ai des amis qui sont en remplacement dans des cabinets de MG, qui parfois sont en vacances à l’autre bout de la France ou à l’étranger et là, pour le coup, ils sont vraiment seuls. Ce n’est pas mon cas et ça me rassure de savoir que j’ai du monde derrière. C’est une super expérience. On est très cocooné. Les autres médecins ne feront pas les choses à ma place, mais j’ai du monde pour m’aider.”  

 

"La licence de remplacement m’aide à prendre confiance"

Après plusieurs semaines d’exercice, Et ça se dit médecin voit déjà la différence entre un “avant” et un “après”. "Le remplacement me permet de découvrir la vie. Ça m'aide à prendre confiance en moi en tant que médecin.” Un changement qu’il constate notamment dans toutes les démarches administratives : "Ça a été le baptême du feu ! J'ai découvert l’Ursaff, j’ai découvert qu’il fallait s’inscrire à la CPAM, qu’il fallait créer un compte dédié à...

l’activité professionnelle, j’ai découvert les caisses de retraite. Je me suis rapproché d’un comptable… On ne m’en avait jamais parlé avant ! Sans cette expérience, je me serais senti mal de finir mon internat et de faire face à toutes ces procédures administratives au dernier moment. D’autant qu’en plus, une fois qu’on a terminé notre internat, on n'est plus payé. Donc j’aurais eu un trou dans mes rémunérations et c’est à ce moment-là que j’aurais tout découvert…” S’il devait résumer, Et ça se dit médecin va même jusqu’à dire qu’il en a plus appris d’un point de vue administratif et logistique en quelques remplacements qu’en neuf ans de médecine.  

“Le remplacement me sert vraiment beaucoup. Maintenant, je me sens armé. Je n’ai plus peur, parce que je sais faire. Je sais à quelle porte il faut frapper, quel numéro il faut appeler…”, ajoute-t-il, se rappelant qu’avant de commencer, il passait entre trois et quatre heures par semaine à faire des recherches sans parvenir à obtenir des réponses claires. Rassuré par cette expérience, il n’exclut d’ailleurs pas de s’installer, un jour, en cabinet. “Je suis jeune, j’ai le temps. Mais en cabinet, j’ai aussi conscience qu’en fonction de l’endroit où on exerce, ça peut vite devenir prenant. En cabinet, il y a une charge émotionnelle très forte. C’est aussi pour cette raison que je ne me sens pas prêt pour l’instant”, reconnaît-il.  

Car la seule chose qui manque à Et ça se dit médecin en travaillant à SOS Médecins, c’est le suivi des patients. “Je suis quelqu’un qui aime le contact et donc c’est très frustrant de ne pas pouvoir les revoir… Mais au final, quand je pèse le pour et le contre entre la paperasse et le suivi des patients, je préfère ne pas suivre les patients et ne pas avoir trop de paperasse”, assume-t-il.  

 

Adrénaline 

Un équilibre qui lui permet également de se concentrer uniquement sur la prise en charge de ses patients en tant que jeune médecin. “Il y a une vraie différence avec le Saspas qui se fait en cabinet. Ce n'est pas le même degré de difficulté. A priori, si la personne arrive à se déplacer en cabinet, c’est qu’elle n’est pas super mal. Moi quand je fais des remplacements sur les plages où les généralistes sont fermés, c’est vraiment qu’ils ont absolument besoin d’un médecin et que ça peut être un peu plus urgent.” C’est également à lui de juger, après une régulation du Samu par téléphone, si l’envoi d’une ambulance ou des pompiers est nécessaire. "Ça m'est arrivé deux fois”, se souvient-il. “Par exemple, j’ai eu affaire à une maman qui appelait pour son bébé en détresse respiratoire. Elle ne parlait pas très bien français et a parlé de toux. Quand je suis arrivé, je l’ai envoyée à l’hôpital et le bébé a été transféré en réanimation pédiatrique”.  

En attendant, il aime l'adrénaline de la prise en charge des patients à SOS Médecins, “entre la médecine générale et la médecine d’urgence”. “Je vois de tout : de la suture, de la traumatologie, des infections, sur des patients de tous âges. Ce que j’aime dans cet exercice, c’est que ce sont des pathologies aiguës." Il ne regrette donc pas d’avoir demandé sa licence de remplacement, car sans elle, il n’aurait sûrement pas avancé aussi vite dans son projet professionnel. “C’est pour ça que je ne comprends pas qu’on la remette en question pour les médecins généralistes”, regrette l’interne.  

Alors qu’il compte “monter progressivement en charge” à SOS Médecins, il espère que l’obtention de la licence de remplacement ne sera pas conditionnée, à l’avenir, au Saspas, qui s’effectue à la fin de l’internat. “Ça reviendrait à interdire le remplacement”, s’agace-t-il, révélant que beaucoup d’internes lui avaient confié, sur les réseaux sociaux, que cela les avait énormément aidés également.  

En pleine préparation de sa thèse, qu’il soutiendra en novembre prochain, Et ça se dit médecin se laisse encore du temps pour affiner son projet d’exercice. En attendant, il compte continuer à prendre des gardes à SOS Médecins.  

*Stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée 

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