En France on estime que 43 millions de personnes sont des consommateurs d’alcool, à des niveaux très variables. Or cette consommation est associée à plus d’une soixantaine de maladies. Pour dresser un tableau de la situation et trouver des pistes d’amélioration de la prévention et de la prise en charge de l’alcoolisme, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) vient de publier, à la demande de la Direction Générale de la Santé et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, un rapport d’expertise collective sur ce sujet, assorti de recommandations. Les experts soulignent en particulier que « toute consommation - même faible - a un effet délétère pour la santé ». Le poids de l’alcool reste majeur en France. Des taux de consommation élevés sont observés dans toutes les classes d’âge. Ainsi 8% des jeunes de 17 ans ont une consommation d’alcool régulière (10 fois ou plus/mois). Et 40 à 50 % des jeunes de cet âge déclarent avoir au moins une alcoolisation aigue (5 verres ou plus en une seule occasion), par mois. Chez les adultes, la consommation moyenne par jour est de 27 g d’alcool pur par personne (soit près de 3 verres). L’impact de l’alcoolisme sur la santé publique est important, constituant la 1ère cause d’hospitalisation, et la 7ème en termes d’années de vie en bonne santé perdues. La mortalité attribuable à l’alcool est de 11% chez les hommes (30 000 en 2015) et 4% chez les femmes (11 000), ce qui est plus que chez nos voisins européens.
Les experts soulignent par ailleurs le prix et le rôle du marketing et des représentations sociales qui font que l’alcool est encore trop souvent, notamment chez les jeunes, perçu positivement. « Internet et les réseaux sociaux où la publicité est peu régulée sont particulièrement investis par les producteurs d’alcool » affirme l’Inserm. En outre la loi Evin est souvent mal respectée et « a été considérablement modifiée et affaiblie sous l’effet du lobbying des producteurs d’alcool ». En conséquence, le groupe d’experts recommande notamment de renforcer cette loi pour interdire la publicité sur internet, dans l’espace public et contrer les effets du marketing par une meilleure visibilité des avertissements sanitaires. Une augmentation du prix de l’alcool est aussi préconisée (taxation par gramme d’alcool comme pour la taxe soda, ou prix minimum comme en Écosse), ainsi qu’un meilleur contrôle de son accès aux mineurs. Un effort doit être mené par ailleurs sur le dépistage. Cela passe par une meilleure formation des professionnels de première ligne, afin de fournir un « conseil personnalisé minimal » aux personnes qui ont un usage à risque, et un renforcement du suivi sur le long terme des patients dépendants à l’alcool pour éviter la rechute, via divers techniques utilisables (psychothérapeutiques, médicamenteuses, de remédiation cognitive, de réhabilitation sociale et de prise en charge des comorbidités). La communication doit aussi être plus lisible, et renforcée vis à vis des populations vulnérables. Il s’agit, en particulier d’être plus clair sur les repères de consommation à risque faible (pas plus de 2 verres/j et pas tous les jours), le zéro alcool pendant la grossesse et la période pré-conceptionnelle, et la plus grande vulnérabilité biologique des femmes vis-à-vis de l’alcool.
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