Même si la metformine est utilisée de plus en plus souvent chez les femmes diabétiques de type 2 au cours de la grossesse, on dispose de peu de données sur les bénéfices et les risques de la metformine sur la grossesse et les issues de grossesses chez ces femmes. Une équipe canadienne a donc mis en place une étude prospective, multicentrique, internationale, randomisée en groupes parallèles versus placebo au cours de la grossesse chez des femmes ayant un diabète de type 2. Vingt-cinq centres au Canada et 4 centres en Australie ont participé à l’étude. Les femmes recevaient soit 1000 mg de metformine 2 fois par jour, soit du placebo, les deux associés à de l’insuline. Les femmes devaient avoir un diabète de type 2, être sous insuline, avoir une grossesse unique et être entre 6 et 22 semaines de grossesse. Elles devaient vérifier leur glycémie capillaire avant le petit déjeuner, avant le dîner et 2 heures après chaque repas. Les doses d’insuline étaient ajustées pour obtenir des glycémies à jeun < 5.3 mmol/l et des glycémies 2 heures après le repas < 6.7 mmol/l. Le critère d’évaluation principal était un critère composite de complications fœtales et néonatales. Entre 2011 et 2018, 502 femmes ont été incluses dont 253 (50 %) ont reçu de la metformine et 249 (50 %) du placebo. Aucune différence significative n’a été trouvée pour le critère composite néonatal entre les 2 groupes (40 % vs 40 % ; p = 0.86 ; risque relatif = 1.02 ; IC 95 % = 0.83 à 1.26). En comparaison des femmes du groupe placebo, les femmes traitées par metformine avaient un meilleur contrôle glycémique puisque l’hémoglobine glyquée à 34 semaines de grossesse était de 5.9 % vs 6.2 % ; p = 0.015 et leur glycémie moyenne était de 6.05 ± 0.93 mmol/l vs 6.27 ± 0.90 mmol/l dans le groupe placebo, donnant une différence de -0.2 mmol/l (-0.4 à 0). Elles avaient besoin de moins d’insuline (1.1 U/kg/jour vs 1.5 U/kg/jour), donnant une différence de -0.4 (-0.5 à -0.2, p < 0.0001), elles prenaient moins de poids (7.2 kg vs 9 kg ; différence = -1.8 ; -2.7 à -0.9 ; p < 0.0001) et avaient moins de recours à la césarienne (125, soit 53 % des 234 femmes du groupe metformine vs 148, soit 63 % des 236 du groupe placebo), donnant un risque relatif de 0.85 (0.73 à 0.99 ; p = 0.031). Il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes pour ce qui concerne les pathologies hypertensives (23 % vs 23 % ; p = 0.93 ; RR = 0.99 ; 0.72 à 135). En comparant aux enfants nés des femmes du groupe placebo, les enfants exposés à la metformine pesaient moins (poids de naissance moyen = 3156 ± 742 g vs 3375 ± 742 g, donnant une différence de -218 ;-353 à -82 ; p = 0.002) ; moins d’enfants étaient au-dessus du 97ème percentile pour le poids de naissance (9 % vs 15 %, donnant un RR à 0.58 (0.34 à 0.97 ; p = 0.041), un nombre moins important pesait plus de 4 kg à la naissance (12 % vs 19 % ; RR = 0.65 ; 0.43 à 0.99 ; p = 0.046). Les enfants exposés à la metformine avaient des mesures d’adiposité réduites, qu’il s’agisse de la somme moyenne des plis cutanés ou de la masse grasse néonatale. Trente enfants du groupe metformine (13 %) et 15 de groupe placebo (7 %) étaient petits pour l’âge gestationnel donnant un RR à 1.96 (1.10 à 3.64 ; p = 0.026). Il n’y avait pas de différence significative en ce qui concernait le C peptide au cordon entre les 2 groupes. L’effet secondaire le plus fréquemment rencontré était gastro-intestinal, qu’il s’agisse du groupe metformine (38 événements) ou du groupe placebo (38 événements). En conclusion, cette étude confirme plusieurs bénéfices glycémiques maternels et en termes d’adiposité néonatale dans le groupe metformine dans la mesure où la prise de poids maternelle et la dose d’insuline sont moindres et que le contrôle glycémique est meilleur, l’adiposité inférieure et le poids de l’enfant inférieur, même si cela n’a pas de conséquence en termes de complications fœtales ou néonatales sur le critère composite. A noter quand même une proportion supérieure d’enfants petits pour l’âge gestationnel. Reste à comprendre les implications de ces effets sur les enfants afin de conseiller au mieux les patientes pour qui l’utilisation de la metformine pendant la grossesse pourrait être utile.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus