Cancer du sein : les gynécologues alertent sur la baisse du dépistage
Les gynécologues s’inquiètent d’une baisse récente du dépistage du cancer du sein liée à une méfiance croissante vis-à-vis de la mammographie. Et cela entraine la découverte de tumeurs à un stade de plus en plus tardif. Les gynécologues français se sont réunis à l’initiative du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) le 21 juin lors d’une conférence de presse, pour manifester leur inquiétude quant à la baisse récente qu’il constate concernant le dépistage du cancer du sein. "Le dépistage organisé a baissé de façon historique ces derniers mois", a déploré le président du CNGOF, le Pr Israël Nisand (Strasbourg). Les derniers chiffres officiellement disponibles faisaient état d’une stabilité du dépistage organisé autour de 52% de la population cible ces dernières années ; une stabilité qui contrastait avec la forte progression observée dans les premières années du lancement de ce programme en 2004. A ce chiffre du dépistage organisé, doit s’ajouter celui du dépistage individuel évalué à 10-15% des femmes. Cependant, cela reste en dessous de l’objectif européen fixé à 70%. En conséquence, les gynécologues découvrent de plus en plus de tumeurs à un stade tardif. "Il y a une ambiance qui pousse à la méfiance et touche aussi les vaccins", affirme le Pr Nisand. "Le discours ambiant, c'est que la mammographie représente un danger. Avant, on n'était jamais confronté à ça", ajoute le Dr Marc Espié (Hôpital Saint-Louis, AP-HP). Cet examen est ainsi accusé d’une trop forte irradiation. En réalité, ce risque est "infime", objecte le radiologue Jean-Yves Seror (Paris), selon qui "faire une mammographie tous les ans entre 40 et 80 ans augmenterait le risque de cancer du sein de 0,03% seulement". Autre critique : le risque de surdiagnostic. Mais si le CNGOF reconnaît que cette situation est possible, il estime que les avantages du dépistage dépassent largement ses inconvénients, en permettant d'éviter 20% des décès. Un chiffre cependant contesté par certains professionnels de santé. Le cancer du sein touche plus de 50 000 nouvelles femmes par an et 12 000 femmes en meurent chaque année. C'est la première cause de mortalité par cancer chez la femme. La précédente ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait annoncé en avril 2017 des mesures pour relancer le dépistage, dont des propositions de consultations aux femmes de 25 et 50 ans.
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