Le faible ensoleillement de ces deux derniers mois entraine des modifications biologiques à l’origine d’une véritable dépression saisonnière.
Tous les météorologues le disent : cette saison hivernale est marquée par un taux d’ensoleillement particulièrement faible. "Sur les 23 premiers jours de janvier, le déficit d'ensoleillement est proche de 50%, ce qui fait de ce mois de janvier l'un des moins ensoleillés de ces dernières années", affirme La Chaine Météo. Certaines villes risquent fort de battre des records de faible ensoleillement, comme à Bordeaux, avec 18h de soleil depuis le début du mois (soit un déficit de plus de 70%) ou encore Grenoble. Et c’est encore pire en Belgique où seules 10 heures et 31 minutes d'ensoleillement ont été comptabilisées pendant le mois de décembre 2017, qui constitue "le deuxième mois le plus sombre depuis 1887", rapporte l'Institut royal météorologique (IRM) de Belgique. Ces conditions font le lit d’une forme particulière de dépression, décrite pour la première fois en 1984 par le psychiatre sud-africain Norman Rosenthal, sous le terme de seasonnal affective discorder, ou trouble affectif saisonnier (TAS). Celui-ci débute généralement entre 20 et 30 ans, et toucherait entre 0,5 et 5% de la population française. Il s'installe au cours de l'automne ou de l'hiver, pour s’améliorer au printemps. Globalement, ses symptômes ne le distinguent pas des autres formes de dépression. Des différences sont cependant constatées, comme l’importance du ralentissement psychomoteurs, une hypersomnie (pouvant atteindre 16 heures par jour), ou encore une hyperphagie avec une appétence en particulier pour le sucre, et une prise de poids.
Mais, en tout état de cause, la dépression saisonnière n’a rien à voir avec le simple coup de blues que beaucoup ressentent avec l’arrivée de l’automne. La diminution de l'intensité de la lumière naturelle et de sa durée semble jouer un rôle important dans la genèse de cette dépression saisonnière. Il en résulterait un dérèglement de la production de mélatonine et de sérotonine, en lien avec les modifications de l’horloge biologique. Ainsi, par comparaison à des sujets sains, les profils de sécrétion de mélatonine sont modifiés en hiver chez les sujets atteints de trouble saisonnier de l’humeur, ce qui suggère une réponse inappropriée aux signaux photopériodiques chez ces patients. Son traitement repose, comme pour toutes les dépressions, sur les médicaments antidépresseurs et éventuellement une psychothérapie. L’efficacité d’un traitement par luminothérapie n’a pas été trouvée scientifiquement.
Une réalité scientifique difficile à prouver
Cependant, force est de constater que les études scientifiques ne parviennent pas à établir formellement l’existence d’un lien entre la faible luminosité de la période hivernale et la dépression. Au contraire, une étude américaine datant de 2016, publiée dans le journal Clinical Psychological Science, remet cette notion en question. L’étude a porté sur près de 35 000 Américains âgés de 18 à 99 ans. "Nous avons analysé les données sous de nombreux angles, et réalisé que la prévalence de la dépression est très stable quelle que soit la latitude, la saison et l’exposition à la lumière", expliquent les chercheurs. Ils se sont, d’autre part, penchés sur les données de 1754 personnes avec un diagnostic de dépression sévère. Ils ont constaté qu’il n’y avait aucune influence des saisons sur leur état. Pour ces auteurs, "être déprimé pendant l’hiver ne signifie pas que l’hiver est à l’origine de la dépression". Il n’en reste pas moins que les variations saisonnières de l’humeur sont connues depuis longtemps. Globalement, la majorité des experts s’accordent pour dire qu’il existe, sous les latitudes où il y a des saisons, un sous-groupe de patients dépressifs ayant des récurrences préférentiellement automno-hivernales.
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