Réussite

Major des EDN et normalien, ils lancent une plateforme pour préparer les étudiants en médecine aux Ecos

L'an dernier, les étudiants en sixième année de médecine ont découvert, parfois avec surprise, les premiers Ecos nationaux. Pour préparer au mieux ces épreuves orales, deux néo-internes, dont le major des EDN 2023, ont décidé de lancer une plateforme d'entraînement. Intitulée ECOSplay, elle propose gratuitement une large banque de sujets et une partie formation payante. "100% des étudiants ont à y gagner", assurent ses deux fondateurs, qui veulent rendre leur projet le "plus accessible possible". 

02/12/2024 Par Chloé Subileau
Internat Externat Ecos
Réussite

En mai dernier, près de 7 900 étudiants en sixième année de médecine passaient les premiers Ecos nationaux, mis en place par la réforme du second cycle des études médicales. Parmi eux, Luc Antigny et Tacien Petithomme, alors externes à l'université de Nantes. Toute l'année, "il y a eu une grande incertitude sur comment allaient se dérouler" ces épreuves, se souvient le premier, désormais interne en oncologie. "On n'avait aucune idée de comment [s'y] préparer. On a assez vite ressenti un espèce de néant pédagogique", confirme le second, qui s'est tourné vers l'hépato-gastro-entérologie. Pendant des mois, les deux apprentis médecins se sont entraidés ; ils se sont corrigés, ont développé des réflexes… Une méthode qui a payé – tous deux ayant largement validé ces examens –, et qu'ils ont souhaité transmettre en créant ECOSplay, une plateforme d'entraînement aux Ecos.

Ce projet, que ses deux fondateurs veulent rendre le "plus accessible possible", doit permettre aux étudiants en sixième année de maximiser leurs chances de réussite à ces épreuves orales – prévues au printemps. Car, si les facultés organisent des conférences hebdomadaires et concours blancs autour de ces examens, "qu'est-ce que l'on fait le reste du temps ?", s'interroge Luc Antigny, 25 ans : "Comment on révise ? […] Comment ont fait la différence ?" "Trois heures de conférences par semaine ne suffi[sent] pas pour faire la différence vis-à-vis des autres candidats", estime le futur oncologue, major des premiers EDN en 2023. Les Ecos sont pourtant une étape déterminante pour les carabins, puisqu'ils comptent pour 30% dans la note finale les classant pour leur choix de spécialité.

Pour les deux étudiants, tout a commencé il y a près d'un an avec le lancement d'un fichier partagé. "J'ai [d'abord] décidé de mettre en place une mise en commun des sujets d'entraînement aux Ecos", explique Tacien Petithomme, qui est également diplômé de l'ENS Lyon et docteur en biotechnologie. "Il n'y avait pas encore [ou très peu, NDLR] d'annales donc les étudiants se faisaient passer des oraux entre eux. Pour avoir plus de sujets d'entraînement [sur lesquels s'exercer], j'ai commencé à construire un drive* sur lequel nous avons mis des sujets que des étudiants avaient préparés. Luc et moi, on relisait tous les documents qui étaient déposés."

 

Mutualiser les sujets

Le fichier, d'abord partagé aux carabins nantais, s'est ensuite étendu à toute la France. "On a commencé à mutualiser entres les facs tous les drives qui avaient pu être créés", raconte l'interne lyonnais. Au total, plusieurs centaines de sujets y seront rassemblés, permettant aux étudiants de diversifier leurs entraînements. Mais ce fichier national, pointe Tacien Petithomme,"est arrivé très tard dans l'année". "Je crois qu'on a réussi à [le] publier [seulement] un mois avant le concours", regrette-t-il.

Mais ce premier projet pousse les deux étudiants à aller plus loin. "On a eu envie de faire un site internet dédié avec une meilleure ergonomie", se rappelle Tacien Petithomme. Initialement, "l'idée était de faire en sorte que des entraînements soient accessibles gratuitement à tous les étudiants [via une plateforme unique]. Puis le site a gagné un tas de fonctions au fur et à mesure qu'on y a réfléchi, et le projet a maturé comme cela."

La plateforme ECOSplay – qui doit être lancée mi-décembre - se décompose alors en deux parties, l'une gratuite et l'autre payante. La première regroupe des centaines de sujets d'entraînement. "Certains ont été produits par Luc et moi, par d'autres internes, par des gens qui viennent de passer le concours…, liste Tacien Petithomme. Mais la plateforme est vivante […], car tous les étudiants peuvent continuer à déposer des sujets", de la même manière que l'an passé avec le drive. Cette fois toutefois, les sujets sont accessibles facilement grâce à des filtres de recherche et sont uniformisés. "Il y a aussi un calcul de note automatisé et une section commentaires à la fin de chaque sujet, pour que les étudiants puissent poser des questions entre eux et y répondre afin de pouvoir éventuellement faire une correction, une mise à jour…", détaille l'apprenti médecin de 28 ans.

 

60 euros par an

La partie payante est optionnelle et comporte un volet formation avec des cours préparés par les deux néo-internes, sous forme de fiches et de vidéos. Les deux futures blouses blanches se sont en effet filmées lors de fausses sessions d'Ecos. "L'un fait l'étudiant et l'autre l'examinateur, précise Tacien Petithomme. On découvre le sujet, on le fait et ensuite on commente en même temps […] Souvent, il y a deux ou trois vidéos [par session réalisée, NDLR] : l'une où l'on passe l'examen, une deuxième où l'on insère nos commentaires et une dernière éventuellement où l'on recommence la station en mode 'situation parfaite'".

De plus, les deux fondateurs veulent favoriser les entraînements entre étudiants partout en France. "Luc et moi, on s'est beaucoup entraînés l'un et l'autre, et la conséquence c'est qu'on s'est un peu surspécialisés l'un de l'autre. On a beaucoup gagné au bout d'un moment à s'entraîner avec d'autres personnes", rapporte Tacien Petithomme. C'est dans cette optique que le deux internes veulent notamment développer des visio – "comme des mini-concours blancs" – permettant de mettre en contact des carabins de manière aléatoire. "La visio sera intégrée avec un sujet qui est en ligne. Une personne sera en mode 'étudiant' et n'aura accès qu'à ce sujet, tandis qu'une autre sera en mode 'examinateur' et aura un barème. Les deux passeront [cette session] et à la fin, les notes seront transférées d'un étudiant à l'autre."

Les deux fondateurs souhaitent maintenir cette formule à 60 euros par an ; un tarif bien en dessous de ceux pratiqués par d'autres prépas privées, soutiennent-ils. "On fait le pari que [ce prix] sera suffisant pour financer le reste du site", poursuit Tacien Petithomme.

 

Des étudiants "plus affûtés"

Luc Antigny, lui, insiste sur "la méthodologie", "le point fort de la plateforme". "C'est en faisant des centaines d'entraînements qu'on a réussi à dégager plein d'éléments de méthodologie. Ce que l'on propose, ajoute l'interne en oncologie, c'est vraiment un côté 'gain de temps' pour un étudiant qui paye la formation et se motive à voir les vidéos." "Il sera beaucoup mieux armé pour faire ses dix premiers entraînements que nous qui avons mis 200 ou 300 stations** à être aussi affûtés", pense le carabin.

Pour l'heure, les deux autodidactes ont porté ce projet seuls. "On y a quand même investi beaucoup de temps", affirme Luc Antigny. Lui et son associé souhaitent toutefois s'ouvrir une fois la plateforme lancée. "On va être en demande d'aide", confirment-ils, indiquant vouloir faire appel à d'autres personnes (internes, professionnels…) pour réaliser des sujets.

Mais une grande inconnue demeure : la plateforme va-t-elle attirer les étudiants ? "Théoriquement, 100% d'entre eux ont à y gagner, ne serait-ce que sur la partie gratuite. On est les seuls à offrir des entraînement gratuits", assure Tacien Petithomme, pointant le prix trop élevé des ouvrages d'entraînement publiés ces derniers mois. "A chaque fois, c'est un nouveau livre à acheter…", souffle-t-il. Avec ECOSplay, "on a quand même une grosse banque [de sujets], et surtout une banque croissante et gratuite […] On fait le pari que ça intéressera les étudiants."

*Fichier accessible en ligne et gratuit auquel plusieurs personnes peuvent accéder.

**Une station correspond à une mise en situation. Lors des Ecos officiels qui se déroulent fin mai, les étudiants sont évalués sur dix stations sur deux jours. 

Faut-il mettre fin à la possibilité pour un médecin retraité de prescrire pour lui-même ou pour ses proches ?

Albert Dezetter

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Non

A partir du moment où il entretient ses capacités professionnelles, le médecin âgé conservera sa capacité à prescrire pour lui-mêm... Lire plus

1 commentaire
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Médecins (CNOM)
il y a 1 jour
Saluons l'esprit compagnonnage ! Bravo et merci pour nos futurs médecins.
 
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