Les atteintes neurologiques de l’infection Covid-19 sont encore mal connues. Une étude rétrospective chinoise récente de Ling Mao et coll., ayant pris en compte 214 patients consécutifs, d’âge moyen 52,7 ans, rapporte chez 36,4 % d’entre eux des manifestations neurologiques relativement spécifiques : perte du goût et de l’odorat sans congestion nasale, myopathies, accidents vasculaires cérébraux (AVC), ou moins spécifiques : céphalées, altérations de la conscience, vertiges, crises d’épilepsie (1,2). Ces symptômes neurologiques semblent plus fréquents (45,5 %) en cas d’infection sévère que non sévère avec par exemple un taux d’AVC de 5,7% contre 0,8%, de trouble de conscience de 14,8 % contre 2,4 %, de cas de myopathies de 19,3 % contre 4,8 %. L’interprétation de ces chiffres est cependant délicate car les malades les plus sévèrement infectés étaient aussi plus âgés et davantage porteurs de comorbidités en particulier d’hypertension artérielle (HTA). Une des hypothèses est, malgré tout, que l’anosmie, l’agueusie, qui apparaissent dès les premiers jours de l’infection, résultent d’une atteinte directe du système nerveux par le virus. Pour une équipe chinoise et japonaise, l’infiltration du tronc cérébral par le virus Sars-CoV-2 pourrait ainsi jouer un rôle notable dans la survenue des détresses respiratoires de la Covid-19 (3). Par ailleurs, des myélites (4), des syndromes de Guillain-Barré (5), des encéphalopathies hémorragiques nécrosantes aiguës (6), peut-être en rapport avec l’orage cytokinique parfois associé au Covid-19, ont été décrites. Ces données incitent en tout cas à rechercher la présence d’une infection par Covid-19 devant certaines atteintes neurologiques.
Des modifications de prises en charge nécessaires L’existence de l’épidémie conduit aussi à modifier certaines prises en charge dans des maladies neurologiques, qu’il y ait ou non surrisque d’infection. . La Ligue française contre l’épilepsie (LFCE) souligne que « les personnes atteintes d’épilepsie ne sont pas citées par la Direction générale de la santé (DGS) comme à risque de formes sévères ». Malgré tout...
la LFCE estime que les patients souffrant d’épilepsie avec polyhandicap associé, comme ceux avec une encéphalopathie épileptique, peuvent entrer dans cette catégorie. Ils devront donc être prudents. . La Société française d’études des migraines et céphalées (SFEMC) conseille aux patients de limiter l’utilisation des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui pourraient aggraver l’infection, en l’absence de signe respiratoire. Ils privilégieront les triptans et pourront éventuellement utiliser paracétamol et antalgiques opiacés. En cas de signe respiratoire, tous les AINS seront arrêtés jusqu’à la guérison. L’aspirine est un anti-inflammatoire dès la dose de 500 mg/j, rappelle la SFEMC.
La Fondation pour l’Aide à la recherche sur la sclérose en plaques (ARSEP) estime que même s’il n’existe pas actuellement de données sur la façon dont le Covid-19 affecte les personnes atteintes de pathologie démyélinisante, les patients avec ces affections « de plus de 70 ans, avec des comorbidités (atteinte pulmonaire, cardiaque, ou diabète) ou traités par immunosuppresseurs sont plus susceptibles de développer une forme sévère ». Ces malades devront donc rester à la maison. Le traitement de fond ne doit pas être arrêté, ce qui peut exposer à une réactivation de la maladie neurologique. . Les préconisations de la Société française neuro-vasculaire (SFNV) et de la Société française de neuroradiologie (SFNR) soulignent les problèmes liés à la prise en charge d’un accident vasculaire cérébral (AVC) : présence de comorbidités qui augmentent le risque de forme grave d’infection, difficultés d’identifier la présence d’une infection dans un contexte d’urgence. Pour autant, le plus souvent, les traitements habituels...
y compris les soins d’urgences neurovasculaires, seront proposés en respectant les précautions d’hygiène et en hospitalisant les patients suspects d’infection ou infectés dans une filière Covid-19. On pourra même proposer une thrombectomie (éventuellement sous anesthésie locale) avec des mesures de protection spécifiques. Mais, il ne semble, en revanche, pas licite de proposer un traitement invasif à un patient déjà en réanimation. . Les pratiques seront adaptées en neuro-oncologie. Toutefois, les tumeurs cérébrales nouvellement diagnostiquées de haut grade, gliomes, lymphomes, métastases... devront continuer à bénéficier d’une prise en charge rapide, rappelle l’Association des neuro-oncologues d’expression française (Anocef). Et, bien sûr, les patients traités pour une tumeur cérébrale à haut risque continueront à être étroitement suivis.
Maladie de Parkinson et Covid-19 L’affection et ses traitements ne touchant pas de façon marquée le système immunitaire, le risque d’infection par le Sars-CoV-2 ne semble pas accru dans la maladie de Parkinson. En revanche l’infection peut, comme c’est le cas pour la grippe, être source de décompensation de la maladie. Il est donc recommandé aux patients de bien respecter les mesures de confinement, de continuer de bien prendre leurs médicaments. Une plateforme collaborative, Dopamine.care, développée par France Parkinson propose de nombreux services en ligne afin d’inciter les patients à « se bouger » (exercices physiques, autokiné, tai chi…) se divertir (sites de musées, conférences, jeux), créer (ateliers d’écriture, couture...), s’unir (entraide et solidarité), s’informer (précautions à prendre face à Covid-19).
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