Covid et cancer : Pour le Pr Axel Kahn, la "situation n’est pas tenable"
Une première constatation est l’existence d’importants retards au diagnostic, qui constituent « une perte de chance considérable » pour les patients, souligne la Ligue. Ainsi, le Pr Axel Kahn, Président de la Ligue contre le cancer déclare : « Nous savons déjà par exemple que des personnes qui constatent l'apparition d'un grain de beauté ou une boule au sein ne feront pas actuellement la démarche de consulter. Cette situation ne peut durer éternellement : un diagnostic tardif c'est évidemment un processus de soin tardif, donc beaucoup plus lourd avec des chances de rémissions inférieures. C'est une réalité concrète terrible pour ces personnes et une difficulté supplémentaire qui se profile pour notre système de santé ». Pour les personnes déjà diagnostiquées, la période de confinement a pu entrainer des reports, des substitutions ou des annulations de traitements, une limitation des aides à domicile, un arrêt des soins de kinésithérapie ou de la prise en charge de la douleur, ou encore une interruption du suivi psychologique. Tout ceci est source de stress majeur pour les patients, d’une incompréhension, et de la peur d’une moindre efficacité des traitements.
Un sentiment d’abandon Cette situation retentit aussi sur les proches aidants, véritables « victimes collatérales » selon la Ligue. Leur responsabilité dans les soins à domicile (voire les soins palliatifs) est largement accrue. A cause du confinement, ils sont souvent isolés et ne disposent pas toujours du matériel médical et de l'accompagnement humain nécessaires. Les patients aussi se sentent seuls et « abandonnés » du fait de la saturation des hôpitaux qui ne sont pas en mesure de...
maintenir le lien avec les personnes atteintes d'un cancer. « Le médecin traitant, parfois très difficile à joindre, n'est pas forcément en mesure d'identifier et de gérer les effets indésirables des traitements contre le cancer » ajoute la Ligue. « Bien que les établissements de soins hospitaliers et ambulatoires se soient globalement organisés de façon extrêmement réactive face à l'épidémie, ce que nous constatons sur le terrain n'est pas tenable, alerte le Pr A. Kahn. Il est aujourd'hui absolument nécessaire d'assurer un suivi à distance des personnes en traitement et de les accompagner en ville durant cette crise Covid-19 mais aussi au-delà car les cas seront nombreux. Nous avons soutenu les mesures initiales préconisées par le Haut Conseil de Santé Publique (décalage des cures, d'interventions non urgents, protocoles plus concentrés de radiothérapie, etc.) en suivant une ligne de conduite simple : trouver un compromis entre les meilleures chances du traitement des tumeurs et la préservation des malades vis-à-vis du Covid-19. Maintenant, à quelques jours du déconfinement, il convient sans délai que les personnes atteintes de cancer ou nécessitant dépistage ou vaccination, doivent réintégrer un parcours de soins rassurant, efficace et disponible. L'angoisse des malades ne doit pas être minimisée, elle exige un dialogue qui paraît aujourd'hui impossible ».
Pour un plan d’accompagnement des malades Dans ce contexte, la Ligue contre le cancer demande aux pouvoirs publics la mise en place un plan d'accompagnement pour les patients cancéreux. Son objectif est d’améliorer la communication entre ces derniers et l’l’hôpital en organisant, notamment, des correspondances régulières, par téléconsultation s'il est impossible de faire autrement, pour faciliter le transfert d’information importantes, favoriser la bonne observance des traitements, et rompre l'isolement des personnes soignées et des proches aidants.
Ce plan vise aussi à former les professionnels de santé en ville ambulatoires (médecins généralistes, professions libérales, etc.) aux spécificités de la prise en charge de la maladie cancéreuse (soins curatifs, de support et palliatifs). La Ligue souhaite transmettre un message clair aux malades : « ne vous résignez pas, prenez soin de votre santé, appelez votre médecin et soignez-vous ! »
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