Crise de la périnatalité : les professionnels du secteur alertent Emmanuel Macron
Dans cette lettre signée par onze experts, représentants de sociétés savantes et d’usagers*, ils dressent un tableau alarmant de la situation démographique des services de la périnatalité, marqué par une pénurie croissante en ressources humaines, un recours à l’intérim, et une augmentation de la charge de travail détournant l’ensemble des professionnels impliqués (gynécologues, sages-femmes, internes en pédiatrie, anesthésistes-réanimateurs) des maternités et des services de réanimation néonatale. "La fermeture des 'petites maternités' a abouti à un transfert d’activités vers les maternités de type 2 ou 3, elles-mêmes parfois en difficulté", précisent les signataires. Dans ce contexte, les nouvelles demandes des patientes, qui souhaitent en particulier plus de liberté pour leur accouchement, mais dans des conditions de sécurité optimales, apparaissent difficiles à tenir. "Déjà 10% des patientes ne sont pas pleinement satisfaites de l’offre de soins autour de l’accouchement", rappellent les spécialistes. Réorganiser le système Dans leur lettre, ils présentent plusieurs solutions pour réorganiser le système, de façon à améliorer la sécurité et à diminuer les inégalités territoriales d’accès aux soins. Cela passe par une réorganisation des services basée sur un regroupement, non pas des maternités, mais des plateaux techniques d’accouchement – "les maternités les plus fragiles sont déjà délaissées par les usagers les plus favorisés", constatent les experts. Doivent s’y ajouter des moyens supplémentaires humains, et matériels. Ils plaident aussi pour la création de Centres périnataux de proximité (CPP), articulés autour de maternités de référence, et adaptés aux besoins territoriaux. Contrairement aux préconisations d’un récent rapport de l’Académie de médecine, "il n’est bien entendu pas question que toutes les maternités de moins de 1 000 naissances ferment mais qu’une réflexion soit menée sur celles qui sont indispensables sur notre territoire", précisent les signataires. Tout cela doit s’effectuer, principalement à l’échelle des territoires, dans le cadre d’un nouveau plan périnatal et d’une refonte des décrets de périnatalité de 1998. Ils soulignent enfin la nécessité d’Assises de la périnatalité, évoquées par l’ancien ministre de la Santé, François Braun. *Les signataires : Mme Lucie ADALID, représentante d’usagers, pour le CIANE (Collectif inter associatif autour de la naissance) ; Dr Margaux CREUTZ LEROY, présidente de la FFRSP (Fédération française des réseaux de santé en périnatalité) ; Dr Catherine DENEUX, médecin épidémiologiste à l’INSERM ; Pr Michel DREYFUS gynécologue-obstétricien, président de la SFMP jusqu’en octobre 2023 et Pr Delphine MITANCHEZ, néonatologue, présidente de la SFMP (Société française de médecine périnatale) ; Dr Estelle MORAU, présidente du CARO (Collège d’anesthésie réanimation en obstétrique) ; Dr Joëlle BELAISCH ALLART, Pr Olivier MOREL et Pr Cyril HUISSOUD, gynécologues obstétriciens, pour le CNGOF (Collège national des gynécologues obstétriciens français) ; Pr Jean- Christophe ROZE, président de la SFN (Société française de néonatologie) ; Pr René RUDIGOZ, professeur émérite, membre de l’Académie de Médecine.
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