Dépression : les jeunes femmes en première ligne

06/10/2021 Par Marielle Ammouche & Dominique Barbier
Psychiatrie
Si les symptômes dépressifs mineurs dits "conjoncturels", sont en recul, selon les derniers chiffres de la Drees, les syndromes majeurs restent à des niveaux élevés. Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés : une femme âgée de 15 à 24 ans sur 4 est concernée par un syndrome dépressif, et près d’une sur 6 par un syndrome majeur. 

Alors que viennent de s’achever les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, et en amont de la Journée mondiale de la santé mentale (10 octobre), les troubles mentaux, qui ont connu une augmentation alarmante du fait de la pandémie, font l’objet d’une prise de conscience aux différents échelons de la société. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a réaffirmé, lors du Sommet mondial sur la santé mentale (5 et 6 octobre 2021), le contexte particulier lié la pandémie de Covid et a souligné "l’urgence" de la situation dans ce domaine. Avec le confinement, on a constaté, en effet, une augmentation non négligeable des troubles dépressifs durant cette période, imputables à plusieurs facteurs : l’isolement, les conditions de logement, le manque de contacts sociaux, la dégradation de la situation financière.   

Deux études de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiées en mars 2021 ont mis en évidence qu’un Français sur 7 a présenté un syndrome dépressif à l’issue du premier confinement (printemps 2020). Les femmes et les jeunes étaient les plus touchés. Un constat confirmé par l’enquête EpiCov, en mai 2020, qui montrait que 13,5 % des jeunes à partir de 15 ans signalaient des symptômes en rapport avec état dépressif, contre 10,9% en 2019. 

Les dernières données de la Drees (2ème vague d’EpiCoV, Etudes & Résultats, 1210, octobre 2021) mettent en évidence qu’après cette hausse en mai 2020, la prévalence des syndromes dépressifs de la population âgée de 15 ans ou plus a retrouvé, en novembre 2020, son niveau de 2019, passant donc de 13,5 % à 11 % de la population de 15 ans ou plus. Cependant, il faut regarder plus en détail. En effet, les syndromes dépressifs mineurs, "possiblement conjoncturels à la situation de mai 2020 qui correspond à la fin du premier confinement", baissent effectivement de 2 points à 6,1% de la population. En revanche, les taux de syndromes majeurs, plus graves, demeurent plus élevés en novembre 2020 qu’en 2019, à 4,9%. C’est particulièrement le cas chez les 15 – 34 ans et surtout chez les jeunes femmes. Ainsi, en novembre 2020, une femme âgée de 15 à 24 ans sur 4 (24%) présente un syndrome dépressif (contre 11 % en 2019) ; et 13% présente un syndrome dépressif majeur (contre 4 % en 2019). Les jeunes femmes sont aussi les plus à risque d’être concernées par un syndrome dépressif qui persiste dans le temps. En outre, en novembre 2020, 5% des personnes âgées de 15 à 24 ans déclarent "avoir pensé à se suicider" au cours des douze derniers mois. 

A côté des conditions sociales et économiques défavorables, la Drees souligne qu’une santé dégradée ou des symptômes de Covid-19 a un impact sur le risque de présenter des syndromes dépressifs. Cette étude relève aussi que se retrouver confronté à des comportements violents, agressifs ou...

dégradants de la part du compagnon, est lié au syndrome dépressif et de ce point de vue, les violences familiales ont augmenté de 9% en 2020 par rapport à 2019. Et c’est également le cas des personnes "ne faisant pas confiance au Gouvernement pour régler la crise et celles estimant que leur génération est injustement sacrifiée dans la gestion de celle-ci. Les fumeurs et les personnes consommant de l’alcool quotidiennement ont également une probabilité plus forte de présenter un syndrome dépressif". 

Quatre groupes de symptômes ont présenté une augmentation significative : les troubles de sommeil, la perte d’intérêt à faire des activités, l’humeur triste, et les troubles de la concentration. 

 

Augmentation des demandes de soins 

L’étude la Drees révèle que 10 % des répondants déclaraient consommer des médicaments "en lien avec des problèmes d'anxiété, de sommeil ou de dépression", une proportion qui augmente à 12 % en novembre 2020 et qui concerne principalement les femmes et les personnes âgées de 15 à 34 ans. 

Et cette tendance s’est poursuivie ensuite entre janvier et avril 2021. L’enquête Epi-Phare (du Groupement d’intérêt scientifique [GIS] ANSM-Cnam) parue en mai 2021 montrait, en effet, que les instaurations d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et d’hypnotiques, étaient en 2021 en forte croissance (+23%, 15,2%, et 26,4% respectivement), par rapport à l’attendu (Weill, et al., 27 mai 2021). 

Les consultations chez les médecins généralistes liées à la santé mentale, qui ont augmenté avec l’épidémie de Covid au cours de l’année 2020, restent aussi à un niveau soutenu en avril-juillet 2021, comme l’attestent 72% des médecins généralistes interrogés dans le cadre du quatrième Panel d’observation des pratiques (Drees, Etudes et Résultats 1209, Octobre 2021). 

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Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

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