Diabète de type 2 : les sulfamides hypoglycémiants confirment leur intérêt au plan cardiovasculaire en seconde ligne de traitement

23/05/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Le diabète de type 2 est associé à une augmentation du risque de complications micro- et macro-vasculaires et le risque de mortalité cardiovasculaire double chez les patients diabétiques de type 2 en comparaison de ceux des sujets qui n’ont pas de diabète. Dans les 10 dernières années, de grandes études portant sur les complications cardiovasculaires des sujets ayant un diabète de type 2 et à haut risque ou ayant déjà une maladie cardiovasculaire, ont montré que les inhibiteurs de DPP4 n’augmentaient pas le risque cardiovasculaire alors que les inhibiteurs du SGLT2 et les agonistes du récepteur du GLP1 réduisaient ce risque cardiovasculaire. C’est la raison pour laquelle les recommandations nationales et internationales ont favorisé l’utilisation de médicaments plus nouveaux mais plus coûteux destinés à abaisser la glycémie et cela au détriment d’options thérapeutiques plus anciennes mais moins coûteuses comme les sulfonylurées et les thiazolidinediones.
Afin d’évaluer en vie réelle la sécurité cardiovasculaire des sulfonylurées en comparaison avec les inhibiteurs de DPP4 et les thiazolidinediones dans le cadre d’une étude nationale permettant le développement d’une méthodologie robuste pour tirer les conclusions d’inférence causale, une étude de cohorte a été réalisée portant sur tous les patients ayant un diagnostic de diabète de type 2 en Ecosse depuis la fin 2017, qui n’avaient pas obtenu d’HbA1c < 48 mmol/mol (6.5 %) malgré une monothérapie par metformine et qui ont initié un antidiabétique de 2nde ligne, soit un sulfamide hypoglycémiant, soit un inhibiteur de DPP4, soit une thiazolidinedione après le 1er janvier 2010. Le critère d’évaluation principal était un critère composite d’événement cardiovasculaire majeur (MACE) comportant les hospitalisations pour infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, l’insuffisance cardiaque et les décès cardiovasculaires.
En comparant les patients sous sulfamides hypoglycémiants aux patients qui n’étaient pas sous sulfamide hypoglycémiant (qui étaient sous inhibiteurs de DPP4 ou sous thiazolidinediones), le hazard ratio pour les événements cardiovasculaires majeurs était de 1 (IC 95 % = 0.91 – 1.09) en analyse par régression Cox multivariée. Pour la mortalité globale, le hazard ratio à partir de la régression Cox était de 1.03 (0.94 – 1.13).
En conclusion, cette étude montre donc que les sulfamides hypoglycémiants en 2nde ligne du traitement antidiabétique après la metformine ne semblent pas augmenter le risque cardiovasculaire ou la mortalité globale en comparaison des inhibiteurs de DPP4 ou des thiazolidinediones. Compte tenu de leur efficacité potentielle, de leurs bénéfices microvasculaires reconnus, du rapport coût/efficacité et de l’utilisation très large de ces médicaments, cette étude confirme que les sulfamides hypoglycémiants doivent continuer à faire partie de l’arsenal thérapeutique global du diabète, en tout cas en seconde ligne.  

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

M A G

M A G

Non

Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

0 commentaire
12 débatteurs en ligne12 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2