L’an dernier, l’équipe de Mirjam Christ-Crain a publié dans le New England Journal of Medicine, les résultats d’une mesure non pas de l’hormone antidiurétique ni de l’osmolarité mais de la copeptine à l’occasion de la restriction hydrique ou d’un test de perfusion salée. La copeptine est un des peptides co-sécrétés avec l’hormone antidiurétique et dont la mesure est plus simple que celle de l’hormone antidiurétique. Cette fois, cette même équipe propose de mesurer la copeptine à l’occasion d’un test de stimulation par l’arginine. En effet, la perfusion d’arginine est connue pour stimuler les différentes hormones antéhypophysaires, en particulier l’hormone de croissance, et est bien tolérée. Ces chercheurs ont émis l’hypothèse que l’arginine pouvait aussi stimuler la post-hypophyse et la libération de l’hormone antidiurétique. Pour cela, ils ont mis en place une étude diagnostique prospective avec une cohorte initiale recrutée à Bâle (Suisse) puis une cohorte de validation à partir de 5 centres situés en Suisse et en Allemagne. Le diagnostic de diabète insipide ou de polydipsie primaire était soit connu (auquel cas les patients arrêtaient leur traitement avant l’épreuve) ou ne l’était pas et consultaient pour le diagnostic étiologique d’une polyurie. Cinquante-deux patients ont été enrôlés dans la cohorte de développement dont 12 avaient un diabète insipide complet, 9 un diabète insipide partiel et 31 une polydipsie primaire. Vingt adultes en bonne santé et 42 enfants témoins ont également été recrutés. Entre octobre 2017 et juin 2018, 46 patients ont été enrôlés dans l’étude de validation dont 12 avaient un diabète insipide complet, 7 un diabète insipide partiel et 27 une polydipsie primaire, de même que 30 sujets témoins. La concentration médiane de copeptine après stimulation par l’arginine a augmenté chez les témoins adultes, passant de 5.2 pmol (intervalle inter-quartile 3.3-10.9) à un maximum de 9.8 pmol (6.4-19.6) et chez les participants ayant une polydipsie primaire de 3.6 pmol (2.4-5.7) jusqu’à 7.9 pmol (5.1-11.8). En revanche chez les patients qui avaient un diabète insipide, l’augmentation a été moindre, passant de 2.1 pmol (1.9-2.7) à 2.5 pmol (1.9-3.1). Dans la cohorte de développement, un seuil de 3.5 pmol à 60 minutes a apporté la meilleure valeur diagnostique, de 94 % (IC 95 % = 84-98). La validité de ce seuil dans la cohorte de validation était de 86 % (73-94). En poolant les données des 2 cohortes, une valeur diagnostique optimale de 93 % (86-97) a été obtenue pour un seuil de copeptine, à 3.8 pmol à 60 minutes de l’injection (sensibilité 93 % ; 86-98 ; spécificité = 92 % ; 84-100). Le test était bien toléré avec des scores d’échelle visuelle analogique de 3.5 chez les patients ayant un diabète, de 3 chez ceux qui avaient une polydipsie primaire, de 1 chez les adultes et les enfants en bonne santé. La mesure de la copeptine après arginine est donc un test innovant pour le diagnostic de diabète insipide avec une haute valeur diagnostique et pourrait être utilisée en pratique clinique pour simplifier le diagnostic de diabète insipide.
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