
Evaluation du risque cardiovasculaire : le CNGE ne recommande pas l’utilisation du score calcique

Pour évaluer le risque cardiovasculaire (CV) d’un patient, on utilise actuellement le SCORE 2 qui estime le risque de morbimortalité CV à 10 ans des sujets âgés de 40 à 89 ans. En plus, certaines sociétés savantes préconisent l’utilisation du score calcique (CAC) qui mesure l’étendu des dépôts athéromateux calcifiés dans les artères coronaires à l’aide d’un scanner thoracique. Cependant, les avis divergent sur ce sujet. Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a donc voulu éclairer les praticiens sur l’utilité du CAC à la lumière des données scientifiques récentes. Il en ressort des bénéfices jugés "mineurs" par rapport à l’utilisation d’une équation de risque seule, selon le CNGE.
Faut-il développer davantage les téléconsultations?

Jérôme Bidau
Non
. Certains des confrères de mon association ont essayé la teleconsultation en 2020 et tous sans exception en sont revenus. Perso... Lire plus
Les études sont basées sur le fait qu’un CAC faible (égal à 0) serait prédictif d’une faible incidence d’évènements CV à 10 ans ; et qu’un CAC > 100 définirait un haut risque CV, et un seuil > 400 un très haut risque (recommandations françaises SFC/SFC 2021). Ces seuils définiraient ainsi les patients susceptibles de recevoir une statine.
Que disent les études ? Une revue systématique vient d’être publiée (Jama Intern Med, 25 avril 2022). Elle a comparé l'apport du CAC par rapport aux équations de risque CV seules (6 cohortes internationales, près de 18 000 participants, 1072 événements CV). Les analyses ont montré qu’environ 10% des sujets avaient un CAC prédictif de risque intermédiaire ou élevé alors qu’ils avaient une équation clinico-biologique à risque faible. Parmi eux, plus de 86% n'ont pas eu d'évènement cardiovasculaire à 5-10 ans. Inversement, parmi les 1% de patients à haut risque selon une équation clinico-biologique mais à faible risque selon le CAC, plus de 91% n'ont pas eu d'évènement CV.
Le CNGE considère donc que l’ajout du CAC n’apporte pas de bénéfice clinique par rapport à une équation de risque seule. En outre, "les éventuels faibles bénéfices sont contrebalancés par les difficultés d’accès à l’imagerie, les coûts, le risque de radiations ionisantes, les incidentalomes, la surmédicalisation et l’anxiété liée à la surveillance", ajoute le CNGE. Il recommande donc de ne pas l’utiliser en routine et de rester sur une évaluation à l’aide d’un score clinico-biologique comme SCORE 2 validé en population d’Europe de l’Ouest.
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