Evaluation du risque cardiovasculaire : le CNGE ne recommande pas l’utilisation du score calcique
Pour évaluer le risque cardiovasculaire (CV) d’un patient, on utilise actuellement le SCORE 2 qui estime le risque de morbimortalité CV à 10 ans des sujets âgés de 40 à 89 ans. En plus, certaines sociétés savantes préconisent l’utilisation du score calcique (CAC) qui mesure l’étendu des dépôts athéromateux calcifiés dans les artères coronaires à l’aide d’un scanner thoracique. Cependant, les avis divergent sur ce sujet. Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a donc voulu éclairer les praticiens sur l’utilité du CAC à la lumière des données scientifiques récentes. Il en ressort des bénéfices jugés "mineurs" par rapport à l’utilisation d’une équation de risque seule, selon le CNGE.
Les études sont basées sur le fait qu’un CAC faible (égal à 0) serait prédictif d’une faible incidence d’évènements CV à 10 ans ; et qu’un CAC > 100 définirait un haut risque CV, et un seuil > 400 un très haut risque (recommandations françaises SFC/SFC 2021). Ces seuils définiraient ainsi les patients susceptibles de recevoir une statine.
Que disent les études ? Une revue systématique vient d’être publiée (Jama Intern Med, 25 avril 2022). Elle a comparé l'apport du CAC par rapport aux équations de risque CV seules (6 cohortes internationales, près de 18 000 participants, 1072 événements CV). Les analyses ont montré qu’environ 10% des sujets avaient un CAC prédictif de risque intermédiaire ou élevé alors qu’ils avaient une équation clinico-biologique à risque faible. Parmi eux, plus de 86% n'ont pas eu d'évènement cardiovasculaire à 5-10 ans. Inversement, parmi les 1% de patients à haut risque selon une équation clinico-biologique mais à faible risque selon le CAC, plus de 91% n'ont pas eu d'évènement CV.
Le CNGE considère donc que l’ajout du CAC n’apporte pas de bénéfice clinique par rapport à une équation de risque seule. En outre, "les éventuels faibles bénéfices sont contrebalancés par les difficultés d’accès à l’imagerie, les coûts, le risque de radiations ionisantes, les incidentalomes, la surmédicalisation et l’anxiété liée à la surveillance", ajoute le CNGE. Il recommande donc de ne pas l’utiliser en routine et de rester sur une évaluation à l’aide d’un score clinico-biologique comme SCORE 2 validé en population d’Europe de l’Ouest.
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