Les personnes diabétiques ont un risque plus élevé que les non-diabétiques de développer certains cancers, en particulier digestifs (cancer colorectal, de l’estomac, du pancréas ou du foie) ; leur risque est également accru de développer un cancer de la vessie. En revanche, les diabétiques de type 1 auraient un risque réduit de cancer hormonodépendant, notamment de cancer du sein ou de cancer de la prostate. Cette complexité des relations entre diabète et cancers se retrouve une nouvelle fois dans une publication montrant que les prédiabétiques auraient un moindre risque que les non-diabétiques de développer un gliome.
Le Pr Judith Schwartzbaum (Ohio State University, Columbus, USA), premier auteur de cette étude publiée dans la revue Scientific Reports, a, par le passé, mené une étude montrant une relation inverse entre hyperglycémie et risque de méningiome, autrement dit montrant que les diabétiques avaient un risque réduit de méningiome. Dans cette nouvelle étude, ce même auteur montre qu’il existe également une relation inverse entre taux de glycémie et risque de glioblastome, la forme de gliome la plus courante chez les adultes. Pour établir ce constat, les auteurs ont travaillé sur les données de deux cohortes, AMORIS (Apolipoprotein MOrtality RISk) et Me-Can (Metabolic and Cancer project), regroupant un total de 797.945 participants, dont 812 ont développé un gliome durant la période de suivi, soit 15 ans. Une relation inverse entre le taux de glycémie et le risque de gliome a été établi, avec un Hazard Ratio (HR) de 0.30 (intervalle de confiance IC 95% = 0.17 à 0.53). Ainsi, dans la cohorte AMORIS, le taux de glucose était plus bas dans l’année précédant le diagnostic de gliome que chez les patients ne déclarant pas ce type de tumeur cérébrale (HR 0.78, IC 95% : 0.66 à 0.93). Dans leurs commentaires, les auteurs rappellent que le cerveau représente environ 20% de la consommation totale de glucose par l’organisme et que le développement d’une tumeur cérébrale augmente encore cette consommation, ce qui pourrait suffire à expliquer pourquoi le niveau de glycémie est plus bas que chez les témoins au cours des mois qui précèdent le diagnostic clinique de gliome et notamment de glioblastome. Cette relation inverse entre glycémie et risque de gliome pourrait être en quelque sorte un leurre, une baisse de la glycémie étant la conséquence de la croissance, encore infraclinique, de la tumeur cérébrale. Ce qui serait compatible avec les résultats récents d’une étude de cohorte montrant que sur une population de 2.3 millions d’Israéliens, il existe effectivement un risque accru de tumeur maligne du cerveau chez les diabétiques. Quoiqu’il en soit, les relations entre taux de glycémie et cancers sont encore loin d’être totalement élucidées, ce d’autant que l'insuline est dotée d'un effet facteur de croissance, direct et indirect, et peut donc favoriser la croissance tumorale.
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