Les études recherchant des causes biologiques à cette différence d’incidence chez les femmes n’apportent pas de résultats clairs, ce qui a amené une équipe américaine à comparer les taux de cancers thyroïdiens en fonction du sexe aux États-Unis et la prévalence du cancer thyroïdien infra-clinique à l’autopsie. Les données de l’incidence du cancer de la thyroïde et de la mortalité par cancer de la thyroïde en fonction du sexe chez les adultes américains de plus de 18 ans ont été extraites à partir du programme d’étude de surveillance de l’Institut National du Cancer entre 1975 et 2017 et les données ont été comparées à une méta-analyse du cancer de la thyroïde infraclinique à l’autopsie chez les femmes et chez les hommes. En 2017, 90 % des cancers de la thyroïde diagnostiqués étaient des cancers papillaires de la thyroïde et entre 2013 et 2017, le taux d’incidence des petits cancers papillaires de la thyroïde (≤ 2 cm) chez les femmes en comparaison des hommes était de 4.39/1. Ce taux d’incidence approchait 1/1 lorsque la sévérité du type de cancer augmente. Le rapport de la mortalité par cancer de la thyroïde en fonction du sexe était de 1.02/1 et est resté stable entre 1992 et 2017. Les résultats de la méta-analyse ont montré que la prévalence poolée à l’autopsie du cancer papillaire thyroïdien infraclinique était de 14 % chez les femmes (IC 95 % = 8-20 %) et de 11 % chez les hommes (5-18 %). L’odds ratio poolé du cancer papillaire de la thyroïde infraclinique chez les femmes en comparaison des hommes était de 1.07 (0.80-1.42). En conclusion, cette étude de cohorte et cette méta-analyse montrent que la croyance selon laquelle les femmes ont plus de cancers thyroïdiens que les hommes est une surinterprétation. La disparité en fonction du sexe est principalement en rapport avec la détection accrue de petits cancers papillaires de la thyroïde infracliniques chez la femme vivante alors qu’ils sont en fait aussi fréquents chez les hommes que chez les femmes à l’autopsie. Quand la létalité du type de cancer augmente, le rapport de détection par sexe est proche de 1/1. Ce phénomène peut être associé avec les différences de sexe en termes d’utilisation des systèmes de santé mais aussi de raisonnement clinique des médecins, ce qui peut être dangereux aussi bien chez les femmes qui sont l’objet d’une sur-détection que chez les hommes qui peuvent être à risque d’une sous-détection.
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