Cheveux lissés

Lissage des cheveux : un risque de néphrotoxicité aiguë, alerte l’Académie

L’Académie nationale de médecine met en garde contre un risque encore méconnu, qui est celui d’insuffisance rénale aiguë associé à l’utilisation d’acide glyoxylique, un produit largement utilisé pour les lissages dits brésiliens. Une information des professionnels et de la population sur ce danger apparait nécessaire, de même qu’une surveillance accrue de ce risque. 

10/06/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Santé publique
Cheveux lissés

Ce produit appartient à la classe des dérivés de l'acide glycolique – qui sont notamment employés dans des "peelings" du visage. Ils sont considérés aux Etats-Unis comme "sûrs" en utilisation courte, avec une concentration ≤ 30 % et un pH final de formulation ≥ 3.

Cependant, certaines données scientifiques ont récemment jeté le doute sur la sécurité de l’acide glyoxylique, même à des concentration faibles (10%). Et le lien de causalité a été établi. Il s’agissait d’expériences sur des souris, ainsi que d'observations chez l’homme. En particulier, une série de 26 cas d’insuffisance rénale aiguë (IRA) après lissage brésilien, a été rapportée (Bnaya A., et al., Am J Kidney Dis 2023; 82(1): 43-52. el). Le trouble était régressif, et s’accompagnait de présence de cristaux d’oxalate de calcium dans les biopsies rénales. Ces cristaux se forment au niveau des tubules rénaux, après absorption au niveau du cuir chevelu et la peau lors du lissage.

Un cas a aussi été décrit suite à des peelings du visage chez un patient transplanté rénal depuis 4 ans. Les signes cliniques sont ceux de l’insuffisance rénale. Il peut s’agir de douleurs abdominales aiguës, de nausées, de vomissements d’apparition rapide, qui surviennent dans les 24 à 48 h après les gestes techniques.

Les académiciens recommandent donc, en premier lieu, d’améliorer l’information et la formation sur ce sujet auprès des professionnels des salons de coiffure et des commerces de produits cosmétiques, afin de les sensibiliser à ces risques. Les professionnels de santé doivent aussi les connaitre et les rechercher. Le grand public - et particulièrement les personnes utilisant fréquemment ces produits - doivent aussi être informés du risque et des signes d’insuffisance rénale aiguë.

L’institution souligne par ailleurs "l’importance de ne pas réaliser de lissage des cheveux ou de 'peeling' en cas de lésions du cuir chevelu ou de la peau du visage, ce qui augmente la pénétration de l’acide glyoxylique et de l’acide glycolique". Enfin, "compte tenu des premières alertes publiées", il apparait nécessaire de "développer une cosmétovigilance permettant d’évaluer la fréquence du risque lié à l’usage de produits à base d’acides glyoxylique et glycolique, et d’établir un profil des patients les plus à risques".

Références :

Académie nationale de médecine (7 juin)

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