La radiothérapie fait partie intégrante d’environ 70% des traitements de cancers. Plus de 190 000 patients sont ainsi concernés chaque année en France. Cette discipline est en pleine évolution. En témoignent les nouvelles technologies, qui émergent à l’Institut Curie, berceau historique de cette thérapie. Le centre vient ainsi d’annoncer un plan d’investissement d’envergure - de 56 millions d’euros sur 6 ans - « pour proposer toujours plus de technologies à l’avant-garde en matière de radiothérapie ». Selon le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie, « notre plan d’investissement en radiothérapie est un projet ambitieux qui va renforcer la dynamique d’innovation de l’Institut Curie tant en physique médicale, qu’en sciences de l’ingénieur ou qu’en imagerie. Nos futurs équipements de radiothérapie ultraperfectionnés nous permettront d’optimiser les traitements et la prise en charge de nos patients qui bénéficieront de techniques toujours plus précises, complémentaires, conservatrices, pour le plus grand nombre possible de localisations ». Ce plan va permettre, notamment, de développer la radiothérapie stéréotaxique qui consiste en une irradiation de haute précision à forte dose. Elle est utilisée pour certains cancers localisés de la prostate, à raison de seulement 5 séances étalées sur 1 semaine et demi, ce qui diminue les effets secondaires. Et, dans les cancers plus avancés, les experts commencent à proposer une nouvelle approche, baptisée « boost », qui associe radiothérapie externe et curiethérapie. La radiothérapie dite adaptative est aussi en pleine progression. Elle vise à s’adapter à l’évolution de la tumeur en cours d’irradiation mais aussi à l’anatomie, aux mouvements ou à la
position du patient, de façon à mieux protéger les tissus sains. Elle est possible grâce à l’intégration de logiciel d’intelligence artificielle ou de systèmes d’imagerie embarquée. Plusieurs thérapies d’avenir
Et, au-delà de ces techniques déjà à la disposition des patients, d’autres pourraient bientôt voir le jour. « Depuis des décennies, la communauté internationale n’a pas connu une telle effervescence dans le domaine de la radiothérapie avec des technologies totalement novatrices qui pourraient dans les années à venir changer la donne pour les patients » affirme l’Institut Curie. Au-delà des progrès déjà réalisés, les travaux de recherche permettent désormais de nouvelles modalités de délivrance des doses, et de nouveaux effets biologiques sur les tissus, avec, pour conséquence, la possibilité de traiter des tumeurs jusque-là radio-résistantes et de diminuer considérablement les séquelles. Trois innovations sont ainsi particulièrement prometteuses : les mini-faisceaux (ou mini-beam), la radiothérapie Flash, et l’utilisation de molécules « leurres ». Les minifaisceaux font appel à des faisceaux submillimétriques. Cette technologie est utilisée pour le traitement de tumeurs radiorésistantes et de mauvais pronostic, en particulier pour des gliomes, et en pédiatrie. Des travaux précliniques réalisés à l’Institut Curie montrent une réduction importante des séquelles (en matière de capacité d’apprentissage, de mémoire, d’anxiété…). Découverte à Curie en 2014, le « Flash » est une technique de radiothérapie « dans laquelle une irradiation à ultra-haut débit de dose (10 Gray ou plus, correspondant à la dose reçue en une semaine de radiothérapie conventionnelle) est délivrée en une fraction de seconde, soit 1 000 à 10 000 fois plus intense qu'en radiothérapie conventionnelle » explique l’Institut. Son principal avantage est la préservation des tissus sains. Des études sont en cours, à l’Institut Curie, en particulier dans les tumeurs du système nerveux central chez les jeunes. Et « dans les prochaines années, l’association de l’effet Flash avec une source d’électrons de très haute énergie pourrait révolutionner la radiothérapie, en ciblant des tumeurs profondes et éviter de lourdes opérations chirurgicales » écrit l’Institut dans un communiqué. Enfin, est actuellement développés à l’Institut Curie, une nouvelle classe de médicaments uniques, les molécules « leurres », ou Dbait (bait signifiant appât en anglais) qui augmentent l’efficacité de la radiothérapie. « Ces petites molécules qui ressemblent à de l’ADN endommagé, [font] croire à la cellule que le nombre de dommages auxquels elle doit faire face, suite au traitement par radiothérapie ou chimiothérapie, est beaucoup plus élevé que la réalité. La cellule tumorale "submergée" par la quantité de dommages à réparer s’autodétruit alors », explique l’Institut. Cette thérapie est porteuse d’espoir en particulier pour certains cancers pédiatriques à haut risque.
La sélection de la rédaction
Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?
Michel Rivoal
Non
Disons que j'ai plutôt une réserve. Ce qui me gène n'est pas qu'il soit médecin ou pas et cardiologue ou pas et hospitalier ou p... Lire plus