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Risque cardiovasculaire : le Cavi, un nouvel outil de prédiction efficace et simple en pratique courante

Une nouvelle étude française confirme l’intérêt de la mesure de la rigidité vasculaire pour estimer le risque cardiovasculaire d’un patient, ainsi que l’utilisation d’un nouvel outil pour la mesurer. 

25/04/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Cardiologie
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On sait en effet que le vieillissement des artères se manifeste, entre autres, par une rigidité, qui augmente le risque thrombotique. Cette rigidité est, en outre, accélérée par d’autres facteurs cardiovasculaires tels que l’HTA et le diabète. Il apparait donc fondamental, compte tenu de la prévalence majeure des pathologies cardiovasculaires et l’évolution des facteurs de risque, de pouvoir bénéficier d’un outil fiable et simple pour mesurer la rigidité artérielle, qui permettrait d’estimer le risque cardiovasculaire.

C’est pourquoi des chercheurs français (Inserm, Université de Lorraine, CHRU de Nancy) se sont intéressés à un nouvel outil de mesure de la rigidité artérielle appelé Cavi (pour Cardio Ankle Vascular Index ou Indice vasculaire cardio/cheville). Cet indice est mesuré par le biais de quatre brassards - autour de chaque bras et de chaque cheville, ce qui permet d’évaluer la rigidité de l’artère fémorale à l’artère tibiale. Un microphone est par ailleurs placé au niveau du cœur. La vitesse de circulation du sang est ainsi mesurée. Il en ressort un indice chiffré : plus le numéro est élevé, plus la rigidité artérielle est forte. Ce Cavi a donc plusieurs avantages, et en particulier d’être simple, non invasif, et précis. En outre, il n’est "pas influencé par la pression artérielle" mais est "le reflet de la structure même de l’artère", précise l’Inserm.

Une étude sur 1250 patients

Pour vérifier la fiabilité et l’intérêt du Cavi, les scientifiques ont mené une vaste étude qui a porté sur 1 250 personnes originaires de 18 pays européens toutes âgées de plus de 40 ans (55% de femmes). Leur rigidité artérielle a été estimée grâce au Cavi. Le suivi a été de deux ans pour la majorité des participants, et jusqu’à 5 ans (durée médiane de 3,82 ans). Les auteurs ont alors montré que "chaque augmentation d’un point de l’indice Cavi, qui correspond à une augmentation d’environ 10 % de la rigidité artérielle, était associée à un risque accru de 25 % de survenue d’un événement cardiovasculaire dans les années qui suivaient la mesure". Les facteurs influençant l’évolution de la rigidité artérielle étaient l’âge (avec une progression accélérée au cours du temps) et la pression artérielle.

Un seuil de 9,25

Pour rendre cet outil encore plus utile et simple pour les praticiens, les scientifiques ont ensuite voulu voir s’il existait une valeur seuil au-delà duquel le risque cardiovasculaire était accru. Ils ont alors observé qu’un indice Cavi supérieur à 9,25 était associé à un risque cardiovasculaire élevé à partir de 60 ans.

Enfin, sur le plan thérapeutique, l’étude a montré que les traitements anticholestérol et antidiabétiques avaient un effet sur le taux de progression de la rigidité artérielle. "Ces observations sont encore à l’étude mais suggèrent que certains traitements pourraient permettre de ralentir la progression de la rigidité artérielle", souligne l’Inserm.

"Nos résultats suggèrent que l’indice Cavi pourrait être un outil de mesure de prédiction du risque cardiovasculaire, facile, rapide et non invasif. Son recours pourrait figurer à l’avenir parmi la liste des examens recommandés en clinique pour prédire le risque cardiovasculaire d’une personne et lui apporter un suivi préventif", explique Magnus Bäck, premier auteur de l’étude. "En plus d’un outil facile à déployer, celui-ci permettrait de déterminer l’âge réel du système cardiovasculaire", explique Athanase Benetos, dernier auteur de l’étude.

Références :

Communiqué de l'Inserm, 16 avril.

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