En amont de la 20ème édition de la Semaine du Son de l’Unesco - qui se déroulera du 16 au 29 janvier prochain dans différentes villes françaises - les principaux acteurs dans ce domaine ont fait le point sur les avancées scientifiques. "L’âge et la surexposition au bruit sont les principaux facteurs expliquant le nombre important de personnes qui souffrent de perte auditive. Aujourd’hui on estime à 460 millions le nombre de personnes impactées, chiffre qui devrait atteindre environ 630 millions avant l’échéance de 2050. Il y a donc un problème majeur aussi bien en termes de qualité de vie, d’interaction sociale, et d’apprentissage pour les jeunes" explique la Pre Christine Petit, Fondatrice de l’Institut de l’Audition et Professeure à l’Institut Pasteur. Et d’ajouter que "l’identification récente de la surdité comme premier facteur de risque modifiable associé au déclin cognitif est une incitation supplémentaire à agir". Du côté de la recherche, l’association entre perte auditive et amoindrissement de la vascularisation du cortex auditif a été identifiée. "Il y a là un immense chantier", a souligné la Pre Petit. La connaissance des mécanismes défectueux des différents types de surdités s’appuie aussi actuellement sur les découvertes en matière d’hérédité : plus d’une centaine de gènes sont désormais identifiés. "Mais une autre piste de recherche porte sur la possibilité de faire repousser les prolongements neuronaux. Enfin, les thérapies cellulaires ou géniques devraient donner lieu à des essais cliniques dans les prochaines années et les premiers succès pourraient être obtenus dans la prévention de l’apparition d’une surdité héréditaire" a-t-elle précisé. Prévention et dépistage : 2 éléments clés Un des principaux facteurs compromettant la santé auditive est la qualité sonore. Or, "une grande partie du son que nous recevons est de notre propre choix, nous en sommes en grande partie les déterminants, mais il n’est pas facile de comprendre les paramètres qui sont impliqués" a précisé le Pr Paul Avan, Directeur du Centre de Recherche et d’Innovation en Audiologie Humaine (CERIAH) à l’Institut de l’Audition, pour qui la sensibilisation à ce qu’est « un bon son » devrait commencer dès l’école. "Les signaux d’alerte comme les acouphènes ou la mauvaise compréhension dans un lieu bruyant sont des symptômes de souffrance du système auditif qui devraient déclencher un bilan auditif, ou à minima un auto-dépistage (application höra sur smartphone" a-t-il ajouté. En France, l’appareillage intervient trop tardivement avec un délai moyen de 10 ans après les premiers signes d’atteinte du système auditif. En matière d’innovations, Géraldine Honnet, Directrice Médicale de la société de biotechnologie Sensorion a indiqué qu’un portefeuille de solutions thérapeutiques potentielles étaient en cours d’étude en suivant 3 axes majeurs que sont la restauration, le traitement et la prévention. Sur ce dernier point, Notoxis, étude exploratoire, multicentrique, randomisée, contrôlée et ouverte de Phase 2a, a pour objectif l’évaluation de l’efficacité du Sens-401 dans la prévention de l’ototoxicité induite par le cisplatine chez les patients adultes atteints de cancer. En effet, les thérapies à base de platine provoquent, une ototoxicité avec perte auditive permanente et irréversible chez environ 50 à 60% des patients adultes et 90% des patients pédiatriques qui survivent au cancer. Cette indication représente un besoin médical non satisfait très important pour les patients. "La nécessité de trouver une solution thérapeutique face à l’ototoxicité induite par le cisplatine est critique" a déclaré Géraldine Honnet. "Les données précliniques et cliniques que nous avons collectées lors du développement du Sens-401 confirment son potentiel de préservation de l’audition chez les patients recevant du cisplatine sans impacter l’efficacité du traitement chimio-thérapeutique, nous sommes donc impatients de débuter cette étude".
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