Y a-t-il une micro-angiopathie pulmonaire chez les diabétiques ?

19/04/2018 Par Pr Philippe Chanson
Pneumologie
La capacité à l'exercice, quantifiée comme la consommation maximale d'oxygène (VO2 max), est un déterminant majeur de la longévité et de la qualité de vie. Par rapport aux sujets sains, on a observé une réduction de VO2 max de 20% chez les sujets diabétiques mais les mécanismes responsables de cette atteinte fonctionnelle sont mal compris.

Au cours des dernières années, le poumon a été de plus en plus considéré comme un organe cible potentiel au cours du diabète, ce qui n'est pas surprenant étant donné que la circulation pulmonaire possède le plus grand réseau capillaire du corps. Des études autopsiques menées chez des diabétiques ont décrit une pathologie microvasculaire pulmonaire touchant l'épithélium alvéolaire avec un épaississement de la membrane basale capillaire pulmonaire, très similaire à ce qui est observé au niveau du rein et de la rétine diabétiques. L’objectif de cette étude menée par une équipe australienne et belge a donc été de déterminer si la maladie microvasculaire pulmonaire était détectable chez des sujets diabétiques et associée à une diminution de la capacité d'effort, ceci en utilisant une échocardiographie de contraste. Soixante participants (dont 40 atteints de diabète et 20 sujets témoins) ont effectué des tests cardio-pulmonaires (VO2 max) et des échocardiographies d’effort en position semi-allongée sur une période d'une semaine. La maladie microvasculaire pulmonaire a été évaluée en utilisant le PTAC (Pulmonary Transit of Agitated Contrast bubbles), c’est-à-dire le nombre de bulles traversant la circulation pulmonaire pour atteindre le ventricule gauche, classées comme PTAC bas ou PTAC élevé. Des mesures échocardiographiques du débit cardiaque, de la pression artérielle pulmonaire et de la fonction biventriculaire ont été obtenues pendant l'exercice. L’âge des sujets diabétiques et des témoins était similaire (44±13 vs 43±13 ans, P = 0,87) ainsi que la répartition hommes/femmes (70% vs 65% d’hommes, P = 0,7). Au plus fort de l'exercice, une PTAC faible était trouvée chez plus de diabétiques que de témoins (41% vs 12,5%, P = 0,041) et en particulier chez plus de sujets atteints de diabète avec complications microvasculaires que chez ceux sans complication et les sujets témoins (55% vs 26% vs 13%, x2 P = 0,02). Comparativement à une PTAC élevée, une faible PTAC était associée à une VO2max inférieure de 24% (P = 0,006), à une fonction ventriculaire droite réduite (P = 0,015) et à des pressions artérielles pulmonaires plus élevées pendant l'exercice (P = 0,02). Le PTAC est réduit au cours du diabète, en particulier en cas de pathologie microvasculaire dans d'autres lits vasculaires, ce qui suggère qu'il pourrait être un indicateur significatif de la maladie microvasculaire pulmonaire avec des conséquences importantes sur la fonction cardiovasculaire et la capacité d'effort.

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