
Tuberculose : la HAS précise à qui doit s’adresser le dépistage
Devant l’hétérogénéité des pratiques en France, la Haute Autorité de santé (HAS) fait de nouvelles recommandations pour mieux cibler les personnes à risque.

Même si l’incidence de la tuberculose est globalement faible en France, certaines régions présentent néanmoins des taux plus élevés. C’est ainsi le cas de la Guyane, Mayotte et de l’Ile-de-France. En outre, cette maladie, particulièrement contagieuse lorsqu’elle est à son stade pulmonaire, affecte préférentiellement certaines populations du fait de leurs conditions de vie précaires, et en particulier les personnes sans domicile fixe, ainsi que les migrants provenant d’un pays à forte incidence de tuberculose. Or, le dépistage précoce de la tuberculose est fondamental pour réduire l’impact des symptômes, éviter les complications, mais aussi limiter la transmission de la maladie.
Saisie par le ministère de la Santé sur ce sujet, la Haute Autorité de santé (HAS) a donc réévalué les "stratégies de dépistage et repérage précoce de la tuberculose pulmonaire dans les populations à risque". Actuellement, elles reposent sur la coexistence de deux types de dépistage : un dépistage opportuniste en consultation à l’hôpital, en ville, ou dans certains lieux d’accueil ; ainsi qu’un dépistage systématique auprès des détenus entrant en maison d’arrêt, des migrants réguliers, ou lors d’une enquête autour d’un cas.
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Cependant, on constate une grande hétérogénéité des pratiques actuelles selon les départements, les structures et les types de populations cibles. "Des limites organisationnelles sont clairement identifiées comme la difficulté d’accès à certaines populations du fait de leur grande mobilité géographique, un manque de communication sur la tuberculose à l’origine d’une stigmatisation et d’un manque de formation des professionnels ou encore des délais trop longs entre la réalisation d’examens et leurs résultats pouvant conduire à perdre de vue la personne dépistée", détaille la HAS.
L’agence propose donc de réorganiser les programmes de dépistage autour de ces deux types de dépistage (opportuniste et systématique), et en fonction des facteurs de risque. Ainsi, le dépistage systématique doit s’adresser à quatre catégories de personnes : les migrants (en situation régulière ou irrégulière) entrés en France depuis 2 ans ou moins, et issus d’un pays de forte endémie pour la tuberculose (≥ 100/100 000), et les étudiants étrangers ; ainsi que les personnes ayant fait un séjour de plus de 6 mois dans un pays à forte endémie, avec des conditions de vie précaire (promiscuité) ou en cas de contact avec des personnes malades, dans les 2 ans suivant le retour. S’y ajoutent les personnes détenues entrant en maison d’arrêt, en centre de détention et maison centrale, ou étant sorties de prison depuis moins de 2 ans ; et les nourrissons et enfants jusqu’à 11 ans entrés en France depuis 2 ans ou moins et issus d’un pays à forte incidence, ou ayant eu un contact prolongé avec une personne à risque.
Le dépistage opportuniste, lui, est réservé aux adultes ou adolescents vivant dans la promiscuité, sans-abri ou sans domicile fixe, ayant une mobilité internationale et vivant en communauté isolée, vulnérables, précaires, ou en marge du système de soins.
La HAS préconise, par ailleurs, d’accompagner ces modalités de dépistage d’une meilleure sensibilisation des professionnels, et d’une information des populations concernées via des actions de type "aller-vers". Ce programme doit, en outre, "s’inscrire dans une approche globale de dépistage en santé", qui concerne aussi le VIH, et les hépatites B et C. Enfin l’information sur la vaccination des personnes sans antécédent de vaccination et à risque d’exposition doit être renforcée
Références :
D’après un communiqué de la Haute Autorité de santé (24 mars)
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