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Asthme : une maladie sous la menace climatique

Une fois de plus, l’année écoulée aura été la plus chaude jamais enregistrée. Thème central du 29e Congrès de pneumologie de langue française, la crise environnementale et le changement climatique pourraient être lourds de conséquences sur la santé respiratoire, en particulier sur l’asthme.

25/02/2025 Par Romain Loury
29ème Congrès de pneumologie de langue française (CPLF) Pneumologie
asthme

Vers « une nouvelle épidémie » d’asthme liée au réchauffement ? Selon Valérie Siroux, épidémiologiste à l’Institut pour l’avancée des biosciences (IAB, Grenoble), tout porte à croire que l’emballement climatique en cours pourrait non seulement favoriser la survenue d’asthme mais aussi accroître sa sévérité. Plusieurs études suggèrent, en effet, un lien étroit entre température ambiante et asthme.

Publiée en 2023, une grande étude italienne, portant sur la période 1957-2006, a ainsi révélé une association significative entre la température annuelle et l’incidence d’asthme dans le pays : plus le mercure monte, plus le nombre d’asthmatiques croît(1). Cette surincidence était également observée lors des années de sécheresse, autre phénomène lié au changement climatique.

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Chez les personnes déjà atteintes d’asthme, d’autres travaux ont suggéré que l’élévation de température était liée à un risque accru d’exacerbations. Lors d’une étude américaine menée sur la population du Maryland, les vagues caniculaires estivales étaient associées à un sur-risque de 23 % d’hospitalisation pour asthme(2).

La température, et bien plus

Idem en Angleterre, où une étude de type cas-croisé a révélé que, pour toute hausse de 1 °C, le risque d’hospitalisation à la suite d’une crise d’asthme était accru de 1,11 %(3). Fait intéressant, cet impact de la chaleur sur les asthmatiques britanniques semble s’être atténué depuis 2007. « Lors de pics de chaleur, des alertes de la population ont été instaurées en 2004, ce qui a permis de limiter l’exposition des personnes les plus fragiles », explique Valérie Siroux. Signe, selon elle, que des mesures d’adaptation au réchauffement permettront –en partie – d’atténuer ses dégâts.

La hausse du mercure n’est qu’une des nombreuses conséquences du changement climatique. Parmi les autres, l’altération des régimes de précipitations et les inondations pourraient accroître le risque fongique, étroitement lié à l’asthme. De même, les feux de forêt, la hausse de concentration du polluant ozone pourraient aussi entrer en jeu, ainsi que la surproduction de pollens, engendrée par l’allongement de la saison pollinique et la hausse du CO2 atmosphérique.

Références :

29ème Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, Marseille, 24-26 janvier 2025). D’après la présentation de Valérie Siroux (Université Grenoble Alpes, Inserm, CNRS) lors de la session « L’asthme dans la tourmente du climat ».

  1. Bonomo S, et al. Scientific Reports, 3 novembre 2023.
  2. Soneja S, et al. Environmental Health, 27 avril 2016.
  3. Konstantinoudis G, et al. Thorax, 17 avril 2023.
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