Surdose mortelle de morphine : un ancien interne et une ex-infirmière devant la justice

09/01/2024 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
Un ancien interne et une ex-infirmière de l'Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ont été jugés lundi 8 janvier par le tribunal correctionnel pour une surdose de morphine ayant coûté la vie à un octogénaire, en 2014.

  C'est une "succession de fautes" qui a coûté la vie à un homme de 80 ans. Le 24 janvier 2014, ce patient qui avait été admis au service gériatrie de l'hôpital Nord pour un soupçon d'AVC chute dans sa chambre et se luxe l'épaule. S'apprêtant à procéder à la réduction de cette luxation, l'interne du service orthopédie prescrit oralement à l'infirmière une injection de morphine. Il demande que soit administré 5 milligrammes de ce produit à l'octogénaire, mais sans rédiger d'ordonnance, contrairement à la réglementation en vigueur sur les produits stupéfiants. L'infirmière soutient, elle, qu'il lui a été demandé 5 ampoules, correspondant à une dose totale de 50 mg, l'hôpital Nord n'utilisant que des ampoules de 10 mg. L'infirmière ajoute qu'elle a demandé la validation de "5" à l'interne, qui lui aurait confirmé en lui montrant les 5 doigts de sa main. A la barre, ce lundi, la soignante a maintenu sa version : "Moi j'ai entendu 5 ampoules." De son côté, l'ancien interne, aujourd'hui chirurgien orthopédique, s'est dit victime "d'une infirmière incompétente et malhonnête qui s'est trompée". "Si elle avait prononcé le terme 'ampoule', je l'aurais reprise", a-t-il déclaré devant le tribunal, rappelant qu'on ne prescrit jamais en volume mais en quantité.

Après l'intervention, l'interne a rédigé une ordonnance inscrivant "5 mg" de morphine. "Dans un geste de panique", l'infirmière a ajouté un zéro pour faire figurer 50 mg, a-t-elle confessé. Alors que l'expert judiciaire a estimé qu'une telle dose – disproportionnée – aurait dû l'alerter, l'ex-infirmière, qui n'était diplômée que depuis 16 mois au moment des faits, a évoqué une formation insuffisante. Le procureur de la République Guillaume Bricier a requis 18 mois de prison avec sursis contre l'ancien interne, jugé pour homicide involontaire. "Qu'est ce qui l'empêchait de prendre deux minutes pour rédiger sa prescription ? Les experts disent qu'il n'y avait pas d'urgence", a-t-il argumenté. Deux ans de prison avec sursis ont été requis contre l'infirmière, également jugée pour "altération d'un document dans le but de faire obstacle à la manifestation de la vérité". Le jugement sera rendu le 24 janvier prochain. [avec AFP]

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6 commentaires
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 11 mois
L'hypnose peut éventuellement être utilisée pour une réduction de luxation d'épaule et il n'y a pas de risque de surdosage ! Pourquoi n'est-elle pas enseignée au cours des études médicales ?
Photo de profil de François `Volff
760 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 11 mois
Je me souviens d'un cas de mort de patient, le confrère avait prescrit en "g" pour gouttes (au lieu de gamma).Le pharmacien avait lu: grammes. Le mieux est d'écrire en toutes lettres, comme pour les
Photo de profil de Petit Bobo
2,3 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 11 mois
l'interne ? pas rigoureux... l'infirmière ? pas futée... C'est tout ? ah non, j'oubliais : la victime.... 80 ans. bof, pas grave...
 
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