"Il y a un momentum autour de la santé numérique"

05/01/2023 Par Aveline Marques
E-santé
En ce début d'année 2023, Mon Espace santé s'apprête à fêter son premier anniversaire et le remboursement de télésurveillance médicale vient d'entrer dans le droit commun. Alors que le numérique en santé impacte chaque jour un peu plus les professionnels de santé et leurs patients, l'événement Les Grandes tendances de la e-santé 2023, organisé par Interaction healthcare en partenariat avec Egora le 24 janvier prochain, décrypte les usages d'aujourd'hui et de demain. Un rendez-vous qui sera inauguré par le ministre de la Santé, François Braun. Interview prospective de Jérôme Leleu et Damien Mouveroux, directeur général et directeur Agence d'Interaction Healthcare.
 

  Egora.fr : L'an dernier, l'événement a rassemblé plus de 3000 inscrits. Quelles sont vos ambitions pour cette année ? Jérôme Leleu : Ces dernières années, nous avons impulsé une nouvelle dynamique à cet événement, que nous essayons d'ouvrir à l'ensemble de l'écosystème : les patients, les professionnels de santé… C'est un bon moyen d'expliquer ce qu'est la santé numérique, quelles sont les actualités du secteur mais aussi ce que ça peut apporter au monde de la santé.  L'an dernier, nous avons cumulé 3700 inscriptions : cette année, nous devrions dépasser les 5000, grâce aux partenariats mis en place et à l'image que l'on a pu développer. Nous aurons plus d'intervenants, avec des formats plus directs, pour au total 3h15 d'émission. Tous les acteurs de l'écosystème, que ce soient les ministères, les patients, les industriels, les professionnels de santé seront représentés et répondront à des questions ciblées, par exemple sur la prévention. Cette année, l'événement sera inauguré par le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun. Cela montre aussi qu'au-delà de la qualité du contenu, il y a momentum autour de la santé numérique : la délégation ministérielle au Numérique en santé vient d'annoncer la nouvelle feuille de route et la venue du ministre montre que ce sujet de santé numérique est important.   Quels sont les sujets phares de cette édition ? J. L. : Nous allons regarder dans le rétro de 2022 et voir ce qui va se faire en 2023, voire dans les années suivantes. On voit qu'aux Etats-Unis, il y a une tendance plutôt baissière des investissements dans la healthtech. Outre les grandes tendances, il y aura aussi les sujets d'actualité autour des entrepôts de données de santé ou de l'évaluation des applications numériques, de la télésurveillance, avec le regard des patients mais aussi des starts-up. On fera un point sur les collaborations public-privé, avec notamment le binôme intéressant formé par Janssen et l'Institut Curie basé sur la science des données.  Damien Mouveroux : Nous aurons aussi les premiers retours sur Mon espace santé, les actions engagées et les premiers chiffres d'utilisation. J. L. : Avec les intervenants, on va chercher à identifier ce qui bloque encore aujourd'hui. Il y a beaucoup de Français qui ne connaissent pas Mon Espace santé. Comment l'adhésion peut-elle être plus forte ?   Une table-ronde sera consacrée à la prévention. En quoi la prévention est-elle un enjeu fort de la e-santé? Ou est-ce plutôt l'inverse… ? D. M. : Je dirais un peu des deux ! La prévention est un sujet majeur de la e-santé et la e-santé tourne autour de la prévention. C'est sans doute le thème qui s'y applique le plus. J. L. : La prévention est l'antichambre du parcours de soins. Le Dr Charlotte Berthaut, fondatrice de Depist&vous, montrera notamment l'apport du numérique en santé dans le dépistage du cancer colorectal. Il peut en faciliter l'approche. Preuve que la prévention est bien au coeur de l'actualité de la santé, PariSanté Campus et Bpifrance ont annoncé un fonds d'investissement doté de 100 M€ pour "mettre le numérique au service de la prévention".   Allez-vous faire le traditionnel retour sur le CES* de Las Vegas ? J. L. : On était très attachés au domaine de la santé dans le CES. Mais malheureusement, depuis deux ou trois ans, le sujet est un peu moins présent mais il semblerait que la santé soit un thème fort cette année. Mais les grandes tendances ne s'arrêtent pas à cela. D. M. : En termes de tech, on va être sur la continuité de l'an dernier avec le perfectionnement de certains dispositifs tels que les objets connectés. J'en attends un peu plus aussi dans le domaine de l'intelligence artificielle, avec peut-être des premières applications utilisant l'informatique quantique. Une technologie qui m'a fasciné l'an dernier, c'est celle des capteurs caméras : les caméras de téléphone ou les webcams, en utilisant le reflet de la lumière, peuvent être en mesure d'enregistrer des constantes biologiques. Ça peut s'appliquer à la téléconsultation.

  Une table-ronde abordera le métavers : en santé, concrètement, que peut-on en attendre ? D. M. : Marc Zuckerberg s'est approprié le terme en commercialisant Facebook sous le nom de Meta. Mais à l'origine, ça définit un monde virtuel et ça ne date pas d'hier. Les premiers sont les jeux imaginatifs type "Donjons et dragons" sur papier. Aujourd'hui, on parle donc d'un monde virtuel en 3D. En santé, ça existe déjà depuis des années. C'est ce que fait Simforhealth en formation. Pour l'instant, le domaine d'application principal en santé reste la formation : ça permet d'immerger plusieurs médecins, interconnectés entre eux. On est encore assez loin de la téléconsultation dans un métavers. J. L. : On voit en revanche des technologies virtuelles pour la gestion de la douleur, par exemple. L'événement sur les Grandes tendances doit permettre de définir des usages prospectifs, dans 3, 4 et 5 ans, mais aussi voir ce qui se passe au quotidien avec les patients et les professionnels de santé. Au-delà de ce que l'on nous vend avec le métavers suite à la prise de parole de Zuckerberg, quelle est la réalité des pratiques ? L'usage de la réalité virtuelle est encore complexe aujourd'hui. Quand vous achetez un casque, dans 6 mois ou 1 an, il est obsolète. On n'en est pas à la maturité que l'on voit sur les smartphones, par exemple. Il y a beaucoup de fantasmes sur ces sujets. Et les vagues de licenciements auxquelles on assiste aujourd'hui dans la tech montrent une sorte de retour en arrière : est-ce qu'on a tous envie d'être dans un monde à la "Ready Player One" ? Je n'en suis pas sûr mais il est évident que des cas d'usages comme la formation et l'accompagnement des patients seront très utiles.    *Consumer Electronics Show, qui se déroulera du 5 au 8 janvier.    

Programme et inscription
L'événement "Les Grandes tendances de la e-santé 2023" se tiendra le mardi 24 janvier, à partir de 9h15, dans les locaux de Future4Care, 8 rue Jean Antoine de Baïf à Paris-13. L'émission sera retransmise en ligne. Inscription et programme : https://esante-2023.interaction-healthcare.com/

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

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Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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