La santé relève-t-elle, encore aujourd’hui, du domaine de l’intime ? La question fait sourire, tant la réponse peut sembler évidente. Pourtant, quand on est installé sous le chapiteau blanc annexé à la pharmacie et balayé par les vents, au vu et au su des nombreux passants – parfois compatissants, souvent curieux mais toujours heureux de ne pas y être eux-mêmes installés –, et qu’une main gantée nous chatouille les narines tandis que pointe la petite larme récalcitrante qui finit toujours par nous trahir, on est confronté à cette dure réalité : notre nez est tombé dans le domaine public. Depuis le début de la crise sanitaire et la mise en place des premiers prélèvements nasopharyngés, l’écouvillon est entré dans notre routine et dans notre vocabulaire quotidien, au même titre que le confinement, le télétravail ou la distanciation sociale. Si cette première fois, la tête penchée en arrière, a semblé ardue, les suivantes n’ont pas été plus agréables. Et cinq ou dix ou quinze prélèvements plus tard, nous voilà, au « sortir » de cette sixième vague de la pandémie (les guillemets s’imposent), les masques baissés mais le pic du « rebond » épidémique de coronavirus à peine passé et l’épidémie de grippe
qui bat son plein. Les chiffres sont alarmants : les contaminations flambent, les hospitalisations et les admissions sont à la hausse, les clusters se multiplient, et plus de 110 personnes décèdent encore tous les jours...
A-t-on fait tomber trop tôt et trop imprudemment le masque ? À l’heure de la Présidentielle, il est évident que les considérations politiques ont primé sur l’urgence sanitaire. Alors que faire ? La recommandation est pourtant simple : se protéger pour protéger les autres et ne pas souscrire au relâchement des mesures barrière, au masque porté sous le nez dans les transports en commun, aux open spaces bondés... et accepter d’exposer, dès le risque identifié, ses petites narines à un énième trifouillage, désagréable mais nécessaire. C’est toujours mieux que de risquer ce qui nous pend au nez.
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