“Le 22 novembre 2019, nous, un groupe de plus de 60 médecins, avons écrit au ministre britannique de l'Intérieur pour exprimer nos graves préoccupations concernant la santé physique et mentale de Julian Assange”, débute la lettre publiée dans The Lancet. Publiée le 17 février, elle rassemble 117 médecins représentatifs de 18 pays différents qui s’inquiètent de la santé de Julian Assange, fondateur de Wikileaks, arrêté en avril 2019 à l’ambassade d’Equateur. “Dans notre lettre, nous avons documenté des antécédents de refus d'accès aux soins de santé et de torture psychologique prolongée. Nous avons demandé le transfert d'Assange de la prison de Belmarsh vers un hôpital universitaire pour évaluation médicale et traitement. Face aux preuves de torture non traitée et continue, nous avons également soulevé la question de l'aptitude d'Assange à participer aux procédures d'extradition américaines”, poursuivent les signataires. Le 21 octobre 2019, Julian Assange était apparu “pâle” lors d’une audience de gestion souffrant d’insuffisance pondérale et boitant avec des difficultés manifestes à se rappeler des informations de base, à se concentrer et à articuler. “A l'issue de l'audience, il a déclaré à la juge de district Vanessa Baraitser qu'il n'avait pas compris ce qui s'était passé devant le tribunal”, rappelle la tribune. Quelques mois plus tôt, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture avait rendu visite à Julian Assange, accompagné de deux experts médicaux et avait constaté “des symptômes typiques d'une exposition prolongée à la torture psychologique, y compris un stress extrême, une anxiété chronique et un traumatisme psychologique intense”. Refus d’hospitalisation Un passage à l’hôpital aurait été refusé...
au lanceur d’alerte, malgré “les demandes des médecins qui avaient pu lui rendre visite à l’ambassade”. Un médecin confie également dans cette tribune les difficultés notables de trouver un médecin disposé à examiner le prisonnier à l’ambassade. “Les raisons invoquées étaient l'incertitude quant à savoir si une assurance médicale couvrirait l'ambassade d'Équateur (une juridiction étrangère); si l'association avec M. Assange pourrait nuire à leurs moyens de subsistance ou attirer l'attention non désirée sur eux et leurs familles; et l'inconfort concernant l'exposition de cette association lors de son entrée à l'ambassade. Un médecin a fait part de ses inquiétudes à l'une des personnes interrogées après que la police a pris note de son nom et du fait qu'il rendait visite à M. Assange”, précise la tribune. “Si Assange devait mourir dans une prison britannique, comme l'a averti le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, il aurait effectivement été torturé à mort”, dénoncent-ils. Les 117 médecins dénoncent aussi le déni de son droit fondamental “à des soins de santé appropriés”. “Nous condamnons le climat de peur qui entoure la prestation de soins de santé pour lui. Nous condamnons les violations de son droit à la confidentialité médecin-patient. La politique ne doit pas être autorisée à porter atteinte au droit à la santé et à la pratique de la médecine”, écrivent-ils conjointement avant d’inviter tous les collègues médecins à se joindre à la tribune en tant que signataires et les différents gouvernement à mettre fin à la situation.
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Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
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Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus