Analyses au cabinet, IPA "urgences", vidéo-assistance du Samu… Comment Buzyn veut donner de l'air aux urgences

03/09/2019 Par Aveline Marques
Les annonces tombent au compte-goutte. Après avoir mis 70 millions d'euros sur la table en juin dernier pour apaiser la crise des urgences, Agnès Buzyn vient de prendre de nouvelles mesures, issues de la mission confiée au Pr Pierre Carli, chef du Samu de Paris, et au député urgentiste Thomas Mesnier (LREM).

  Face à la grève des urgences, qui touche actuellement 233 services d'après le collectif de l'Inter-urgence et 195 selon le ministère, Agnès Buzyn passe à la vitesse supérieure. Médecine de ville, urgences pré-hospitalières, SAU, hospitalisation… en visite aux urgences du CHU de Poitiers lundi, la ministre de la Santé a annoncé une nouvelle série de mesures portant sur l'ensemble de la chaine de soins, avec notamment un objectif : la "modération des arrivées dans les services d’urgences". Ces mesures s'ajoutent aux engagements déjà pris en juin, financés par une enveloppe de 70 millions d'euros : recrutements, prime de risque pour les paramédicaux, travaux de rénovation de certains services… Le point sur les nouveautés.   Biologie délocalisée Comme aux urgences, la ministre souhaite permettre aux cabinets et aux maisons de santé de "pratiquer directement certains examens de biologie" à l'issue de la consultation, indique le communiqué diffusé lundi soir.   Tiers-payant pour les gardes Agnès Buzyn souhaite étendre le tiers-payant à la part assurance maladie obligatoire des actes réalisés dans le cadre de la garde des médecins de ville, et ce afin "d'abolir les freins d'accessibilité financière à cette offre". Un contrepoids à l'illusion de gratuité des urgences, souvent pointée du doigt comme l'une des causes de l'afflux des patients dans les services.   Transport du Samu au cabinet "Sous certaines conditions", les Samu pourront déclencher un transport sanitaire pour emmener un patient vers un cabinet de ville ou une maison de santé, plutôt qu'aux urgences.   Vidéo-assistance au Samu Les centres de régulation médicale des Samu seront dotés d'équipements de vidéo-assistance. Les résidents des Ehpad y auront accès en priorité.   Admission directe dans les services d'aval Pour en finir avec l'interminable attente sur les brancards des urgences en amont d'une hospitalisation, le ministère mise sur la généralisation de "l'admission directe" dans les services de médecine pour les personnes âgées qui doivent être hospitalisées. "Un supplément pour financer cette admission directe se mettra en place dès la prochaine campagne budgétaire dans les services. Ceci donnera aux hôpitaux les marges de manœuvre dont ils ont besoin pour structurer avec des moyens une alternative à la 'porte' des urgences", met en avant le communiqué du ministère.   Sutures et prescription d'imagerie pour les infirmières Les infirmières des urgences pourront, dans le cadre de protocoles de coopération article 51 (loi HPST), prendre en charge les sutures et demander des examens d'imagerie en lieu et place des médecins. Cette délégation de tâche déclenchera le versement d'une "prime de coopération" (la somme de 100 euros brut mensuelle a été annoncée) pour les paramédicaux concernés.   Des IPA "urgences" Créé par la loi de santé de 2016, le métier d'infirmier de pratique avancée (IPA) était jusqu'ici restreint à la prise en charge de pathologie chronique en soins primaires, des maladies rénales et aux champs de l'oncologie et de la psychiatrie. Dès l'automne 2020, une formation d'IPA "urgences" sera ouverte. Diplômées en juin 2022, ces super infirmières auront la capacité de poser des diagnostics "à l'aide d'un algorithme", de réaliser des actes techniques "en autonomie" et de prescrire des examens d'imagerie. Une mesure visant, comme les protocoles de coopération, à "libérer du temps médical".   Une gestion informatisée des lits d'aval Pour les professionnels, le manque de lits d'aval est sans aucun doute l'une des raisons principales à l'engorgement des urgences. Pour faciliter la prise en charge, des "cellules informatisées de gestion des lits" seront généralisées au niveau de chaque GHT, avec l'objectif de couvrir 50 % d'entre eux dès l'année prochaine.   Ces mesures seront complétées et formalisées lundi 9 septembre, à l'issue d'une rencontre entre Agnès Buzyn et l'ensemble des acteurs hospitaliers et libéraux, les partenaires sociaux ainsi que le collectif Inter-urgences.

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