Académie de médecine : "Nous ne sommes pas contre l'usage de l'homéopathie"

06/06/2019 Par Véronique Hunsinger
Médicaments
L'Académie de médecine est souvent considérée comme un cénacle d'opposants fervents à l'homéopathie. Mais si l'institution s'est prononcée sans ambiguité pour le déremboursement, elle ne milite pas pour une suppression pure et simple de cette pratique. Le Pr Daniel Bontoux, membre du groupe de travail sur les thérapies complémentaires à l'Académie, nous en dit plus.
 

Egora.fr  –  Le Panorama du médecin : Fin mars, les Académies de médecine et de pharmacie ont pris une position commune en faveur du déremboursement de l’homéopathie. Pour quelles raisons ? Daniel Bontoux. C’est un problème ancien. Mais nous rappelons simplement que pour qu’un produit soit remboursable, il faut qu’il ait fait la preuve de son efficacité suivant des méthodes universellement reconnues, notamment la comparaison du produit avec un placebo. C’est ce qu’on appelle la médecine fondée sur les preuves. La règle s’impose à tous les médicaments et il n’y a pas de raison que les produits homéopathiques continuent à y déroger. D’autres médicaments ont été déremboursés dans les dernières années parce qu’ils n’avaient pas fait la preuve de leur efficacité même si les patients y tenaient. Il s’agit ici d’un point de vue scientifique que nous avons transmis à la ministre de la Santé à qui il appartient de prendre la décision.

Pas question d’enseigner dans les facultés quelque chose qui est de l’ordre de la croyance

  Pourquoi les académies sont-elles opposées à l’enseignement de l’homéopathie dans les universités ? Il faut bien comprendre que si, en tant que scientifiques, nous préconisons le déremboursement des produits homéopathiques parce qu’ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, nous ne condamnons pas l’homéopathie en tant que telle. Nous admettons parfaitement qu’on peut l’utiliser dans des conditions évidemment très limitées pour des troubles fonctionnels légers liés à la douleur ou à l’anxiété par exemple, si les patients le souhaitent et en sont satisfaits. Mais il faut bien comprendre que l’effet qu’ils ressentent relève de l’effet placebo. Pour autant, l’effet placebo avec attente est un phénomène neurobiologique parfaitement démontré. C’est donc un effet positif et tout à fait acceptable dans la mesure où on peut éviter ainsi les inconvénients des véritables médicaments.

Par conséquent, nous ne sommes pas contre l’usage de l’homéopathie dans des situations qui n’exigent pas d’autres traitements et sous condition que le médecin soit conscient qu’il use d’un placebo avec attente. Ainsi, il n’est pas question d’enseigner dans les facultés de médecine et de pharmacie quelque chose qui est de l’ordre de la croyance, comme l’est la théorie des similitudes à la base de l’homéopathie. En revanche, il peut être tout à fait raisonnable de renforcer les enseignements dédiés à la relation médecin-malade, aux effets non spécifiques de l’homéopathie, aux effets placebos avec attente, aux effets bénéfiques du conditionnement et au bon usage des médecines complémentaires intégratives.   Les académies insistent également sur la nécessité d’une "information loyale" du patient. Quelles doivent en être les formes ? Nous devons toujours à nos patients une information consciencieuse. S’ils nous interrogent sur les thérapies complémentaires, nous devons leur expliquer les choses d’un point de vue scientifique et ne pas faire croire à des actions mystérieuses ou des théories fausses. Pour autant, il n’est pas question d’imposer aux patients qui tirent un bénéfice de l’homéopathie d’y renoncer. Par ailleurs, il nous semblerait utile que les pouvoirs publics mettent en place un site d’information labellisé qui soit une base indépendante et actualisée d’information du public sur les thérapies complémentaires.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

0 commentaire
3 débatteurs en ligne3 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
15
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5