La grève illimitée des urgences parisiennes fait tache d'huile à l'approche de l'été. Lancé en mars à Saint-Antoine après une agression de soignant, le mouvement a gagné les autres services de l'AP-HP puis l'ensemble de l'Hexagone, sur la base de revendications sociales. Au point que le collectif Inter-Urgences, qui fédère la lutte et vient de se constituer en association, évalue désormais à 65 le nombre de services en grève. "Les structures de médecine d’urgence (services des urgences, Samu-Centre 15, Smur) sont à un point de rupture jamais atteint", indiquait le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, dans une lettre ouverte adressée le 21 mai à la ministre de la Santé. "[Les personnels] n’acceptent plus de travailler dans des conditions désormais incompatibles avec la qualité et la sécurité des soins. Nous sommes extrêmement inquiets sur l’été à venir." Le syndicat Samu – Urgences de France a appelé à un débrayage symbolique de cinq minutes dans les services d'urgences, aujourd'hui mardi 28 mai à midi. Mais le principal rendez-vous aura lieu le 6 juin, avec la manifestation nationale qui partira à 13 heures de Montparnasse. Elle permettra peut-être d'en savoir plus sur la portée d'un mouvement dont l'ampleur réelle est encore difficile à évaluer.
Samu – Urgences de France (médecins urgentistes) réclame une mobilisation d'urgence des ARS et des directions d'établissements pour tenir durant l'été, et des "mesures concrètes" pour recentrer les urgences sur l'aide médicale. Du côté du collectif Inter-Urgences (paramédicaux), on réclame l’arrêt des fermetures de lits, une augmentation des rémunérations à hauteur de 300 euros et un renforcement des effectifs afin de tenir compte de la spécificité du travail aux urgences. "Pas de solution miracle" Des revendications auxquelles Agnès Buzyn a partiellement répondu, en marge de sa visite au nouvel hôpital d'Ajaccio (Corse), lundi 27 mai. Assurant "entendre la fatigue et l'agacement des urgentistes", elle a néanmoins fait un constat marqué de fatalisme "Il n'y a pas de solution miracle tant que nous n'avons pas plus d'urgentistes formés dans notre pays, c'est une problématique qui est aujourd'hui internationale". La ministre a ensuite évoqué les pistes "à explorer" : "former plus de médecins urgentistes pour occuper les postes vacants, organiser des entrées directes dans les hôpitaux pour les patients chroniques connus, créer des maisons médicales de garde adossées aux services d'urgences pour désengorger les urgences et permettre de traiter les petites urgences. Tout cela aujourd'hui est en train de se monter dans beaucoup de sites et permet de faciliter le travail des urgentistes". À propos de l'été difficile qui se profile, la locataire de l'avenue Duquesne a appelé "un effort considérable dans les hôpitaux pour mieux organiser les urgences", afin de "dégager du temps d'urgentistes pour que ceux-ci se concentrent sur les urgences vitales". [Avec AFP]
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