Les médecins libéraux seront-ils "sacrifiés sur l'autel" du régime de retraite universelle voulu par Emmanuel Macron ? C'est en tout cas ce que craignent trois syndicats, la CSMF, MG France et la FMF, alors que la concertation menée par le Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye s'est achevée vendredi dernier. "Il reste encore beaucoup de questions en suspens", écrit la CSMF dans un communiqué daté du 22 mai. A commencer par les taux de cotisation auxquels seront assujettis les médecins libéraux. "En l'état actuel du projet de réforme, les pensions des médecins libéraux vont diminuer", alerte la CSMF. "Les taux de cotisation du régime universel sont inférieurs à la somme des taux actuels incluant les différents régimes (base, complémentaire Carmf, ASV en totalité)", explique le syndicat, qui réclame un "mécanisme collectif" palliant la situation. La FMF réclame quant à elle un régime universel limité à 1 PASS (plafond annuel de la Sécurité sociale, soit environ 40 000 euros) de BNC.
Autre sujet majeur d'inquiétude : ce que vont devenir les réserves de la Carmf, "constituées par plusieurs générations de médecins et évaluées à neuf ans de prestations", interroge la CSMF. Hors de question que ces 7 milliards d'euros servent à "combler les déficits d'autres régimes", insistent les deux syndicats, qui demandent que le bénéfice soit réservé aux médecins. Le régime ASV est également compromis Constituant 35 % de la pension, avec une participation de l'Assurance maladie à hauteur de 2/3 en secteur 1 et Optam, l'ASV est un avantage conventionnel, rappellent les partenaires sociaux. Et MG France d'exiger que ces "honoraires différés" "soient garantis sur la durée". "Les compensations à l’opposabilité des honoraires ne cessent de baisser du fait de décisions gouvernementales", s'inquiète la FMF. "Nous avons depuis 2015 subi une baisse de valeur des avantages compensatoires à l’opposabilité des honoraires de près de 400 millions d’euros (soit le quart de leur valeur)." Les syndicats s'inquiètent enfin de l'avenir de la Carmf, qui n'est pas qu'une caisse de retraite mais a également développé des mécanismes de solidarité et d'action sociale pour les médecins, ainsi que de la place des libéraux dans la gouvernance du futur régime universel. "Le régime des médecins a vocation à rejoindre un système universel. Mais universel ne veut pas dire unique, répondait Agnès Buzyn à Egora en avril dernier. C’est universel dans le principe, mais les spécificités de certains métiers, ou par rapport à des plafonds de ressources, peuvent être prises en compte. Le système universel sera également en capacité d’intégrer tous les changements qui seront discutés et négociés dans le cadre conventionnel", a assuré la ministre des Affaires sociales et de la Santé.
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