Ces hôpitaux qui retiennent leurs patients en otage

29/10/2018 Par Aveline Marques

Alors qu'en France les hôpitaux font tout pour libérer des lits, une enquête d'Associated press révèle qu'une trentaine d'hôpitaux dans le monde enferment les patients à l'issue de leur traitement pour forcer leurs proches à payer les frais d'hospitalisation.

  Gardes armés, portes verrouillées, patients enchainés… L'enquête publiée par l'agence de presse américaine Associated press (AP) fait froid dans le dos. Dans une trentaine de pays au moins, des hôpitaux auraient pris pour habitude de retenir en otage des patients qui pourraient sortir pour raison médicale afin d'obliger leurs proches à payer les factures. La pratique est courante au Kenya et au Congo mais des cas ont également été signalés en Inde, en Chine, en Thaïlande, en Iran, en Bulgarie, en Lituanie et en Amérique latine.  

Des millions de personnes affectées dans le monde

  A l'origine de cette enquête, un rapport du think tank britannique Chatham House, publié l'an dernier : les chercheurs ont compilé plus de 60 articles de presse faisant état de cas de détention de patients dans 14 pays. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. "Plus nous cherchons, plus nous trouvons", a déclaré le Dr Ashish Jha, directeur du Harvard Global Health Institute. "Ce sont probablement des centaines de milliers, voire des millions de personnes qui sont affectées dans le monde entier." Les journalistes de l'AP se sont rendus à plusieurs reprises au Kenyatta National Hospital au cours du mois d'août. Tandis que des gardes armés en treillis patrouillent dans les couloirs, des patients s'entassent dans des salles où ils dorment parfois à même le sol sur des draps. Ils ne sont relâchés que quand la famille paie, au moins partiellement, leurs frais d'hospitalisation. "Même la mort ne garantit pas la libération", relève AP. Les hôpitaux et les morgues kenyans retiennent des centaines de corps afin de forcer les familles à payer les factures. Grâce à une pétition lancée par une parlementaire, 450 patients ont récemment pu rentrer chez eux, mais la pratique subsiste. En 2015, suite à la plainte d'une ONG, les détentions de patients ont pourtant été déclarées illégales par la Haute Cour du Kenya. Le tribunal statuait sur le cas de dizaines de femmes détenues à la maternité de Pumwani après la naissance de leur enfant. Jugeant cette détention "cruelle, inhumaine et dégradante", la cour a ordonné au gouvernement kenyan de "prendre les mesures nécessaires pour protéger tous les patients contre la détention arbitraire dans des établissements de santé". Il y a quelques semaines, les juges ont réaffirmé que l'emprisonnement de patients n'était pas "l'un des moyens acceptables pour les hôpitaux de recouvrer des dettes". Un amendement au projet de loi de santé interdisant les détentions sera prochainement débattu. [avec Apnews.com]

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Michel Lemariey-Barraud

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