VIH

Traitements anti-VIH oraux : des associations demandent une dispensation trimestrielle

Des associations de professionnels et de patients, engagées dans la lutte contre le sida, plaident pour une dispensation trimestrielle des traitements antirétroviraux (ARV) oraux contre le VIH.

23/12/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Infectiologie
VIH

Des associations de professionnels et de patients, engagées dans la lutte contre le sida, plaident pour une dispensation trimestrielle des traitements antirétroviraux (ARV) oraux contre le VIH. En effet, actuellement, de nombreux patients doivent se présenter tous les mois à la pharmacie pour retirer leur traitement. Or, ce déplacement peut constituer une contrainte importante du fait de l’éloignement géographique, d’une faible offre territoriale de santé, ou même parfois du fait que les patients souhaitent s’éloigner de leur lieu de vie pour éviter un manque de confidentialité. 

Cette évolution est aussi largement préconisée par les patients utilisant la PrEP per os, comme le montrent deux enquêtes réalisées en 2020 par la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et le TRT-5 CHV*, et ce, pour des raisons relevant de la qualité de vie : intérêt pratique, confidentialité, gain d’autonomie ou encore gain économique, rapportent les deux associations dans un communiqué. En outre, 99,6% des médecins et 86,4% des pharmaciens interrogés en 2020 s’y sont dits favorables. En cas de situations particulières - telles qu’une charge virale non contrôlée, ou la présence de comorbidités - , ce rythme pourrait bien entendu être augmenté.

Actuellement, seuls les contraceptifs oraux peuvent être prescrits jusqu’à trois mois, indépendamment du conditionnement. Et certains traitements autorisés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), peuvent être dispensés jusqu’à trois mois, mais sous réserve qu’ils bénéficient d’un conditionnement trimestriel. 

 

Des expérimentations à l'étranger et en Guyane

Or, actuellement "seuls Biktarvy et Dovato sont disponibles en conditionnement trimestriel sur une cinquantaine d’ARV per os commercialisés", précisent la SFLS et le TRT-5 CHV. Cela est dû au fait que "selon les industriels eux-mêmes, il n’est pas rentable de proposer un conditionnement trimestriel pour des ARV peu prescrits", expliquent les deux organismes. Ils souhaitent donc harmoniser les situations : "Il est primordial de placer les traitements ARV sous le même régime que les contraceptifs oraux : celui d’une dispensation trimestrielle possible indépendamment du conditionnement."

La société savante et le collectif associatif s’appuient aussi sur les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Agence américaine USAID, ainsi que sur plusieurs expérimentations en Afrique (République Démocratique du Congo, le Cameroun ou le Burundi), mais aussi en Guyane. Dans ce département Français, la dispensation trimestrielle d’ARV, pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en situation d’isolement géographique à risque de rupture de traitement, a été autorisée pour une durée limitée à compter du 1er juillet 2021. "Plusieurs dizaines de personnes ont bénéficié de cette expérimentation, qui a été reconduite et étendue en raison de résultats concluants", précise le communiqué.

La SFLS et le TRT-5 CHV concluent que "à l’heure des traitements à longue durée d’action, le suivi des PVVIH et PrEPeurs-euses s’apprête à évoluer davantage. La dispensation exclusivement mensuelle des ARV n’a jamais eu aussi peu d’arguments en sa faveur. L’avenir des ARV est plurimensuel".  Elles appellent la Direction générale de la santé (DGS) à "prendre des mesures concrètes pour permettre la dispensation trimestrielle de tous les ARV per os aux personnes qui présentent des prescriptions renouvelables sur au moins un trimestre".

*Le TRT-5 CHV est un collectif inter associatif qui réunit des associations de lutte contre le VIH-Sida, les hépatites et les IST autour des enjeux en recherche clinique et avancées thérapeutiques pour la défense des intérêts des personnes concerné

Références :

D’après le bulletin épidémiologique de Santé publique France (SPF)

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