Presque deux ans jour pour jour après les faits, la justice tente d’y voir clair sur le déroulement de la première soirée de ce week-end d'intégration au camping de Moussac. Les témoignages sont sujet à caution et les parties s’écharpent entre les soutiens de Tanguy, l'accusé, l’étudiant hâbleur de 5ème année, fêtard reconnu, ancien capitaine du Stade poitevin de rugby, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Et Thomas, jeune étudiant plus discret de 2ème année, fils d’un professeur de médecine du CHU de Poitiers, la victime. Ce soir d’octobre 2016, Tanguy tente de se réchauffer. Il a passé sa journée à glisser en string sur une bâche mouillée, à faire du "ventriglisse”. Mais la fraîcheur nocturne et l’alcool auraient eu raison de ses ardeurs et c'est quasiment prostré sur un canapé de fortune ce soir-là, un blouson sur les épaules, qu'il aurait selon ses dires, passé le reste de la soiréen relate La Nouvelle République. Il serait donc bien loin de l’image du gaillard décrit par la partie civile, qui, derrière l’un des bars non-officiel du campement, aurait décidé de choper dans ses bras le jeune impudent de 2ème année alors qu'il venait chercher deux bières chez ses aînés. Avant de le “poser” dix mètres plus loin sur un barbecue où il se grillera les fesses et surtout une main. C’est en tout cas la scène que décrit Thomas, la victime, et que contestent Tanguy et ses soutiens. Deux ans plus tard, et avec autant de témoignages rendus contradictoires par l’alcool et/où la concertation, la justice est bien en peine d'y retrouver ses petits. Et la partie civile n'est pas exempte de critiques : à peine sorti du poste médical de la Protection civile puis des urgences de Montmorillon, Thomas ne s’était pas précipité à la gendarmerie mais s’était chargé lui-même de l’enquête assurant qu’il avait retrouvé son agresseur. Enfin, il n’en est sûr qu’à 50 %. Mais c'est finalement complètement convaincu, qu'il a porté plainte contre Tanguy cinq jours plus tard. Le 2èmeannée décrit le physique de son agresseur… mais se trompe sur la couleur de ses yeux devant les policiers. La seule certitude, au fil de l'audience, c'est que c'était flou. Et chacun de s’engouffrer dans cette zone grise pour tirer avantage de ce qui l’arrange. Me Blaise Merey, descendu de Paris, décrit un agresseur proche du barbare, la grande gueule de la promotion, partant pour tous les délires et qui, là, aurait versé dans le bizutage ; l’intégration n’étant qu’un cache-sexe sémantique. Il veut la condamnation et 15.000 € de dommages et intérêts. A l’heure des réquisitions, le procureur Lacotte est un brin embêté, il ironise sur tout ce petit monde, futurs médecins qui se tiennent par la barbichette et finissent “déchenillés" dans un camping paumé. Il cherche l’éthique et la déontologie, et quand même un morceau de vérité, s’accrochant au plus petit dénominateur commun : un témoignage qui décrit Thomas poussé par Tanguy jusqu’au rebord brûlant du barbecue lors d’une empoignade. Il reste au moins ça. "Une bousculade, ce sont des violences volontaires et il était bien en état d’ivresse", souligne le procureur en réclamant trois mois de prison avec sursis. La défense se repose sur le témoignage de Justine, une étudiante, présente au moment des faits avec trois camarades. Les quatre voient la bousculade alors qu’il y avait beaucoup de monde, mais seule Justine identifie Tanguy. Et le bâtonnier Lionel Béthune de Moro, de pilonner en faveur de Tanguy. "C’est sa vérité à elle ! Et elle ne peut seule emporter la conviction du tribunal ! Le principe cardinal, c’est que le bénéfice du doute doit profiter." Tanguy a quitté Poitiers, il est désormais interne à Toulouse. "Il va sauver des vies au Mirail (quartier très chaud de Toulouse, NDLR), et on ne lui fera même pas l'aumône de cette non inscription", a plaidé son avocat en s'emportant contre l'intention du procureur de demander l'inscription d'une éventuelle condamnation au bulletin N° 2 de son casier. Le procureur l'a en effet réclamée … tout en expliquant que le prévenu pourrait en demander l'effacement après coup. Décision le 6 novembre prochain. [Avec lanouvellerepublique.fr]
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