Olivier Véran : "J'ai du mal avec le recul des années à imaginer que j'ai pu faire ça"

11/09/2018 Par Dr Olivier Véran

"Pour moi, la première année est une capsule spatio-temporelle. C'est comme si la vie que j'avais connue -et la vie que j'allais connaître- était dans une sorte de suspension. J'ai un peu connu ça pour le concours de l'internat plus tard. Tout d'un coup, il n'y a plus qu'un seul centre d'intérêt, tout tourne autour d'un concours. A l'époque, le numerus clausus était à 3 500. J'ai fait deux premières années, comme beaucoup. Je n'ai pas loupé de beaucoup la première année, mais je voulais vraiment faire médecine. En première P1, c'était du 7h-23h30. Je m'endormais régulièrement sur mes cours de chimi-orga. J'essayais d'être présent dans l'amphithéâtre très tôt le matin pour réserver des places. Je me souviens du bazar que mettaient les doublants dans les amphis... Ça avait un côté un peu impressionnant et fascinant ; je me disais "si je réussis le concours, c'est un univers étonnant que je vais intégrer". J'ai toujours été attaché à l'univers carabin, à cet exutoire collectif assez marrant. Je me souviens qu'au Nouvel an de ma première P1, mes frères et sœurs m'avaient forcé à décrocher de mes cahiers à 22 heures. Un soir d'anniversaire, pas très loin des concours, j'avais préféré bosser que boire du champ'. Et je me souviens d'un soir de Noël assez triste… Je me disais que si je laissais filer une opportunité de travailler une soirée de plus, peut-être que j'allais perdre des chances. On est dans un état de transe permanente. Je me suis découvert une capacité à ne pas faire autre chose que bosser. Tout en étant assez perdu : on quitte l'univers douillet du lycée pour l'Université avec des paquets de cours à ne plus savoir qu'en faire, des amphis immenses et blindés… Je n'en ai pas un bon souvenir ! La deuxième P1, j'avais le sentiment que ça allait réussir. Du coup, je l'ai vécue de façon plus sympa. J'ai rencontré des amis en prépas, avec qui je sortais, je rigolais. Les journées étaient moins longues. On se sentait moins seul. La P1, ce n'était pas agréable, parce que c'était beaucoup d'apprentissage par cœur. Le stress de rater des QCM… Quel est l'intérêt ? y avait des cours intéressants, notamment de sciences cognitives, de sciences humaines et sociales. D'autres, c'était l'horreur : la physique des fluides à apprendre par cœur, avec des théorèmes qu'on ne comprenait pas… J'ai du mal avec le recul des années à imaginer que j'ai pu faire ça. C'est une vie sans fantaisie."

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Michel Lemariey-Barraud

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