L'administration fiscale enquête sur de mystérieux logiciels de caisse permettant de sous-estimer à distance la recette, utilisés par les salons du groupe franchisés Franck Provost. Mais Le Point révèle qu'un système du même type perdure depuis des années dans les pharmacies d'officine. Le fisc est décidé à sévir.
Le célèbre coiffeur Franck Provost est le leader européen du secteur, n° 2 mondial et à la tête d'un réseau de 3 130 salons détenus en propre ou franchisés sous son nom, Jean-Louis David ou encore Saint Algue, explique Le Point.
L'affaire ne fait que commencer
Mais l'homme n'est pas blanc-bleu et le fisc s'est étonné du faible rendement de son fleuron, un salon avenue Franklin Roosevelt, à Paris. C'est sur la base d'un témoignage anonyme, que les inspecteurs ont découvert le pot aux roses : l'installation dans les salons du groupe d'un petit logiciel fourni par la société Marlix-Fiducial Informatique, qui permet à distance, de son domicile notamment, de se connecter à la comptabilité pour, par exemple, en soustraire les sommes en liquide. Alors que le coiffeur star écope d'un redressement de 270 000 euros – ce qui pourrait n'être qu'une première étape - des enquêtes préliminaires visant des logiciels de caisses dits "permissifs" sont d'ores et déjà ouvertes, et confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions de Nanterre. Des commerçants et des restaurateurs ont été condamnés dans plusieurs villes de France. Et l'affaire ne fait que commencer. Le Point révèle par ailleurs que les fraudes au logiciel de caisse, marotte du fisc depuis des années, sont bien réelles même si peu médiatisées. Fin novembre 2017, une affaire jugée au tribunal de grande instance de Nîmes en atteste. Alliadis, un fabricant de logiciels de caisse, a été condamné pour avoir fourni des fonctions dites "permissives" à des milliers de pharmaciens. Plus de 2 000 professionnels de santé ont été ou sont sous le coup d'un redressement fiscal et une cinquantaine d'entre eux font l'objet d'une procédure pénale. À en croire le couple de pharmaciens jugés en fin d'année au côté d'Alliadis, le système serait totalement banalisé dans la profession et perdurerait depuis… des décennies ! "On le fait sans trop d'états d'âme, car tout le monde le fait !" ont-ils lancé à l'audience, relate Le Point.
"Nos clients vont migrer chez nos concurrents"
Condamnée pour complicité de fraude fiscale à une amende peu dissuasive de 187 500 euros, Alliadis a tout de même décidé de faire appel, estimant qu'elle n'était pas responsable de l'utilisation illégale que les pharmaciens faisaient de son produit. Auditionné par les enquêteurs, un des dirigeants d'Alliadis avait quant à lui confié son scepticisme : "Si nous sommes la seule société concernée par votre enquête, il va se passer le phénomène suivant : nos clients vont migrer chez nos concurrents pour pouvoir à nouveau bénéficier [du système de fraude, NDLR]." Le patron ne croyait pas si bien dire. Selon les informations du Point, un autre éditeur de logiciels pharmaceutiques, coté en Bourse et fort d'un chiffre d'affaires de plus de 80 millions d'euros, fait actuellement l'objet de deux enquêtes pénale et fiscale. Le système perdure… Au début des années 2000, les pharmaciens avaient en effet trouvé un petit surnom à cette application magique qui leur permettait de faire disparaître des espèces : "Black is black". [Avec lepoint.fr]
La sélection de la rédaction
Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?
Jacques Peyrot
Non
Ce n est pas un médecin liberal... Lire plus