Il aura fallu dix ans. Dix ans de procédure, d'audiences et d'accusations avant que ce généraliste soit reconnu innocent. Il était accusé d'agressions sexuelles par une fillette.
La plainte date du 12 juin 2007. Ce généraliste d'Amiens, âgé d'une cinquantaine d'années, est accusé d'agression sexuelle sur une fillette de 11 ans qui est sa patiente. A l'audience, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel, la jeune fille maintient son accusation : "Il m’a fait asseoir sur ses genoux et il s’est frotté contre moi, il s’est allongé sur moi sur la table d’examen, il m’a fait jouer à un jeu où l’on doit se toucher des parties du corps". Elle précise encore : "À chaque fois, nous étions habillés." "Les experts ont bien attesté qu’ils ne relevaient chez elle ni perversité, ni mythomanie", souligne son avocate. Le médecin voyait régulièrement la petite fille à l’époque, qui suivait un traitement, par voie intramusculaire, pour soigner une puberté précoce. L’acte était si banal qu’elle se rendait seule au cabinet. Par ailleurs, le praticien n’ignorait rien du passé douloureux de sa patiente, victime d’un viol à l’âge de cinq ans et séparée de sa mère, repartie vivre dans un pays étranger. Face à ces graves accusations, le médecin n’a jamais varié lui non plus. Il nie en bloc : "Une enfant ! Une patiente ! C’est inimaginable ! J’ai simplement réalisé des injections. Une fois, j’ai écarté son slip parce qu’elle se plaignait de leucorrhée. Je n’ai même pas réalisé de prélèvement. Si j’étais malade, dans le cadre d’un examen correspondant à sa pathologie, j’avais tout loisir de réaliser des palpations mammaires et d’inspecter ses poils pubiens ou ses lèvres." Le médecin au casier judiciaire vierge, en exercice depuis des décennies, jamais visé par une autre plainte de patient, est le dernier à prendre la parole. Il s’affaisse : "Depuis dix ans, c’est trop dur… Je n’ai pas fait ça. Donnez-moi une raison de le faire. Comment vous le prouver ?" Il n’a rien à prouver, comme le rappelle le président Montoy en prononçant sa relaxe. Le magistrat se tourne vers la jeune fille : "Mademoiselle, le tribunal ne met pas en doute vos paroles, mais pour condamner quelqu’un, en droit français, il faut des preuves irréfutables et nous n’en avons trouvé aucune dans ce dossier". [Avec Courrier-picard.fr]
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