Vernis semi-permanents avec lampe à UVA : un risque de cancer cutané
L’Académie nationale de médecine alerte sur la dangerosité des lampes émettant des UVA utilisées pour l’application de vernis semi-permanents. Le rôle cancérigène de ces UVA est actuellement bien étayé. Les risques semblent augmenter avec la durée d’utilisation, et en particulier sur des phototypes clairs. Le marché de l’onglerie constitue une part importante de celui de l’esthétique, environ 15%, et est en plein essor depuis plusieurs années, en lien notamment avec le développement d’instituts et boutiques spécialisés, mais aussi de sites internet. Parmi les prestations possibles, figurent en bonne place les vernis semi-permanents. Mais, pour l’Académie nationale de médecine, cette activité pose un problème de santé publique du fait qu’elle nécessite l’utilisation d'une lampe combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) pour sécher et fixer les différentes couches de vernis appliquées. Ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA), "qui pénètrent profondément dans la peau", rappellent les académiciens. Or, ces rayons favorisent le vieillissement de la peau et ont été classés cancérigènes du groupe 1 (le plus élevé). "Le rôle favorisant des lampes UV 'à ongles' dans l'induction de ces cancers cutanés était évoqué dès 2009", soulignent-ils. Ainsi, au cours de l’année 2022, selon une étude tunisienne (Litaiem N, et al. Clinics in Dermatology, 2022; 40: 706–715), trois cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit ont été signalés dans la littérature. Parmi les autres effets secondaires rapportés avec ces vernis semi-permanents, il y avait aussi des réactions cutanées allergiques (66 cas en 2022, 70,5 %), et des atteintes mécaniques des ongles (23 cas, 26,1 %). Ces cancers liés à l’utilisation des lampes à UV sont assez faciles à identifier car les UVA induisent toujours le même type de mutations dans les cellules ; on parle de "signature UVA" des cancers ainsi induits. Ce risque a été confirmé par une expérimentation récente (Zhivagui M et al., Nature Communications, 2022; 276: 1-14. Publication en ligne 17 janvier 2023), qui a montré que les UVA produits par une lampe UV "à ongles" induisent bien des mutations typiques des UVA sur 3 types cellulaires (fibroblastes embryonnaires de souris, fibroblastes et des kératinocytes humains). Le risque serait majoré avec certains facteurs : l'âge jeune de début d'utilisation (en moyenne 20 ans) ; la fréquence rapprochée des expositions (moyenne de 5 à 6 fois par an, voire plus avec le développement des lampes à domicile) et la durée d’exposition (sur plusieurs années). Le terrain aurait aussi un rôle aggravant (peau claire, immunodépression). Mais l’Académie souligne la nécessité de bénéficier d’études épidémiologiques plus larges afin d'évaluer le risque de carcinome cutané induit par la répétition de ce type d'irradiations sur une longue durée. Pour prévenir les risques, les académiciens conseillent d'appliquer une crème solaire avec une protection UVA environ 20 minutes avant l'exposition des mains aux lampes UV/LED. L’information des consommateurs doit aussi être renforcée avec la mise en place d’un message écrit d'alerte sur les lampes, et de campagnes d’information visant le grand public et les professionnels concernés. Enfin, des travaux sur l'évolution du marché apparaissent nécessaires.
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