Si l’Académie nationale de médecine reconnait leur intérêt, en tant que "remarquable outil de formation et d’éveil, pour peu qu’il soit encadré par les parents ou les éducateurs, et que l’accent soit mis sur son interactivité et son caractère ludique", elle s’inquiète de l’impact nocif que peuvent avoir les écrans sur la santé visuelle des jeunes, ainsi que sur l’horloge biologique. En effet, les diodes électroluminescentes (LEDs) utilisées actuellement sont beaucoup plus éblouissantes et photo-toxiques que leurs ancêtres, les ampoules à incandescence. Elles émettent un pic de lumière bleue, proche du rayonnement ultra-violet, dont l’exposition, lorsqu’elle est chronique entraine des lésions cellulaires d’ordre photo-chimique "particulièrement néfastes pour la rétine maculaire située au centre de la rétine et assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée", explique l’Académie. En outre, lorsque l’exposition est nocturne, elle empêche la régénération physiologique nocturne des photopigments rétiniens contenus dans les photorécepteurs. Les académiciens plaident donc pour une photoprotection par des verres anti-UV et anti-lumière bleue qui est, selon eux "cruciale, surtout pour les enfants et adolescents dont le cristallin est très translucide". Les écrans perturbent aussi l’horloge biologique, via la lumière bleue qui est la plus active sur l’horloge. "Le signal lumineux est transmis à l’horloge puis, après de nombreux relais, à la glande pinéale qui secrète la mélatonine, hormone-clé considérée comme l’aiguille de l’horloge", expliquent ainsi les académiciens. "Jet-lag social" Or, les jeunes communiquent ou jouent à des jeux vidéos parfois très tardivement dans la nuit ; de véritables addictions existent même. Il en résulte des troubles du rythme veille-sommeil, avec, en particulier une vigilance retardée le soir, liée à un retard de phase de l’horloge et à une inhibition de la sécrétion de mélatonine, impliquée dans l’endormissement. Ainsi, "14% des collégiens et 29% des lycéens dorment moins de 7 heures les jours de classe", souligne l’Académie. Et "une dette de sommeil est présente chez 26% des collégiens et 43% des lycéens". Avec, en corollaire, des difficultés de réveil le matin, une fatigue, des troubles des apprentissages, voire des troubles de l’humeur, du comportement, et des perturbations métaboliques (qui sont à mettre en lien avec l’inactivité physique et la surconsommation d’aliments sucrés). "Ces enfants et adolescents se trouvent ainsi dans un état de désynchronisation, appelé "jet-lag social", caractérisé par une dissociation dans laquelle le temps biologique (l’horloge interne) et le temps astronomique (la montre) sont dissociés de la vie sociale. La récupération du sommeil durant le week-end ne fait que conforter la désynchronisation de l’adolescent", poursuit l’Académie. Au final, "le mésusage des écrans (smartphones, tablettes) mène à un concentré de pollution lumineuse, délétère pour l’adolescent, qui en est un grand utilisateur", résume l’Institution. Elle plaide donc pour l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, en cas d’exposition prolongée aux écrans. Il apparait aussi nécessaire de limiter les expositions aux écrans, surtout la nuit et de veiller à la régularité des horaires de coucher et de lever des enfants. La prévention est aussi fondamentale : une sensibilisation des élèves sur les risques liés aux écrans et sur l’importance du sommeil pourrait avoir lieu dans le cadre de l’école. Les parents aussi doivent être mieux informés pour renforcer leur vigilance sur ce sujet.
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