Variole du singe : la mobilisation devra se maintenir encore plusieurs mois, assurent les autorités sanitaires

31/08/2022 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

L’incidence de l’infection par le Monkeypox est enfin en baisse, en France et dans le monde. La vaccination ciblée semble porter ses fruits. Mais les efforts doivent être poursuivis, via une prévention globale incluant un renforcement de l’information sur la vaccination mais aussi sur les symptômes, pour repérer le plus précocement possible, isoler, et éventuellement traiter les personnes atteintes.   Les efforts de prévention globale vis à vis de la variole du singe, combinés à la prise de prise en charge des patients, commencent à « porter leurs fruits ». Ainsi, à l’occasion d’un point presse de rentrée sur ce sujet, le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé a confirmé que l’on observait actuellement « pour la première fois, une baisse de l’incidence » de l’infection. « Le pic de contamination semble franchi » a confirmé la Pre Laëtitia Huiart, Directrice scientifique Santé publique France (SPF). Cette tendance optimiste avait déjà été rapportée quelques jours plus tôt au niveau mondial par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec une baisse de 21% de l’incidence dans le monde après quatre semaines consécutives d’augmentation. Les autorités sanitaires restent cependant prudentes, rappelant que la période estivale peut entrainer des sous-diagnostics. Elles soulignent aussi que la mobilisation reste de mise. « On est partis sur plusieurs moins de mobilisation », « probablement jusqu’au début de l’année 2023 », a précisé Jérôme Salomon. Au 29 aout, on comptait 3 547 cas confirmés, selon le dernier point de Santé Publique France. Cela situe notre pays au quatrième rang européen (au septième rang si on rapporte ces cas à la population). Environ 3% des patients ont dû être hospitalisés. Aucun décès n’a été comptabilisé en France (2 en Europe, soit un taux de décès inférieur à 0,03%). La grande majorité des cas survient chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et des partenaires multiples. Mais 56 femmes ont été touchées, ainsi que 9 enfants. Les lésions sont principalement situées dans les zones génitales, anales et oropharyngés. Mais le diagnostic est parfois difficile. En particulier 11% des personnes atteintes ne présentent qu’une seule lésion, a souligné le Pr Yazdan Yazdanpanah, Directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida – Maladies Infectieuses émergentes (ANRS/MIE). Et il existe des cas aysmptomatiques. Selon une étude récente, réalisée entre mai et juin dernier sur des personnes sous Prep anti-VIH, et donc ayant des bilans réguliers, 6,5% était positives au Monkeypox, avec une charge virale indiquant qu’elles sont susceptibles transmettre la maladie. Ces éléments soulignent l’importance de la vaccination. Après des débuts mitigés, cette dernière connait un bon essor. Fin aout, 70 000 doses ont été administrées, en pré-et post-exposition, dans les 220 centres autorisés. Mais au total ce sont 140 000 doses qui ont été livrées, donc largement suffisamment. Une expérimentation de vaccination en pharmacie est en cours dans 5 officines de 3 régions. Avec des retours positifs de la part des personnes prises en charge, concernant la proximité, la confiance, et la rapidité des rendez-vous ; et il n’y a pas eu de perte de dose. On note cependant quelques difficultés d’organisation du circuit logistique, notamment sur les enjeux de froid et de conservation. Il n’est donc pas question pour le moment de généraliser cette expérimentation. La DGS prône plutôt un « élargissement pragmatique », c’est-à-dire la mise à contribution ponctuelle de pharmacies pour faire face aux besoins, notamment pour la 2ème dose (28 jours d’intervalle, pas de délai maximal ; 1 dose unique pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole, et 3 doses pour les personnes immunodéprimées). Actuellement les délais de rendez-vous sont courts. L’idée est de continuer à vacciner rapidement, et de pouvoir réagir vite en cas d’évolution de l’épidémie. Il s’agit aussi de renforcer la stratégie de l’« aller vers », pour toucher les populations les plus précaires, les plus vulnérables et les plus exposées. En outre les autorités confirment qu’il n’est pas question d’étendre cette vaccination au-delà des populations actuellement ciblées. Les études sont en cours pour mieux évaluer l’efficacité du vaccin. Mais il faut du temps. Coté tolérance, « aucun signal inquiétant » n’a été relevé, affirme la Dre Caroline Semaille, Directrice générale adjointe de l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Peu d’effets indésirables sont observés (locaux, céphalées ou douleurs musculaires principalement). Et moins de 10 ont été déclarés. Les autorités sanitaires ont par ailleurs souligné de la stratégie de prévention doit être globale, au-delà de la vaccination. L’information est fondamentale, notamment sur les signes de la maladie. Et la lutte contre le Monkeypox passe aussi par des changements de comportement individuel. Par bien des aspects, la maladie s’apparente à une infection sexuellement transmissible, même si la transmission principale est le contact rapproché et que la question de la transmission sexuelle n’est pas encore tranchée. Le port du préservatif est ainsi recommandé jusqu’à 8 semaines après la fin de la phase de contamination, c’est -à-dire la tombée des croutes. Enfin le Pr Yazdan Yazdanpanah a annoncé qu’une fiche "Réponses rapides", rédigées par la HAS en partenariat avec les sociétés savantes concernées, en cours de finalisation.

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