Après un syndrome coronarien aigu, alirocumab réduit d’autant plus le risque d’événement cardiovasculaire qu’il y a de facteurs de risque métaboliques

09/05/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Beaucoup de patients ayant un syndrome coronarien aigu ont des facteurs de risque métabolique associés qui peuvent modifier le risque d’événements cardiovasculaires majeurs. Dans une analyse post-hoc de l’essai ODYSSEY OUTCOMES, une équipe internationale a évalué les effets de l’inhibiteur de PCSK9 alirocumab en comparaison du placebo sur les événements cardiovasculaires majeurs (ECM) en fonction des facteurs de risque métabolique initiaux.

  L’étude ODYSSEY OUTCOMES était une étude multicentrique, en double insu, randomisée, contrôlée, menée dans 1 315 hôpitaux et consultations de 57 pays. Les patients, âgés de plus de 40 ans, ayant eu un syndrome coronarien récent, dans les 1 à 12 mois précédents, et ayant une concentration élevée de lipoprotéines athérogènes malgré un traitement par statine à forte dose ou à dose maximum tolérée, étaient inclus. Entre 2012 et 2017, les patients ont été assignés de manière randomisée soit à 75 mg d’alirocumab par injection sous-cutanée toutes les 2 semaines, soit à un placebo et cela 1 à 12 mois après le syndrome coronarien aigu. Ils ont été suivis pendant une médiane de 2.8 ans. Les patients et les investigateurs ne savaient pas dans quel groupe étaient les patients ni comment la dose de traitement était ajustée. Le critère d’évaluation principal était un critère composite de décès de maladie coronaire, d’infarctus du myocarde non fatal, d’AVC ischémique fatal ou non fatal ou d’angor instable nécessitant une hospitalisation. L’analyse des ECM en fonction du nombre de facteurs de risque métabolique était faite en post-hoc. Les facteurs de risque métabolique considérés étaient une pression artérielle > 130/85 mmHg ou un traitement antihypertenseur, des triglycérides > 1.5 g/l, un HDL < 0.4 g/l et < 0.5 g/l pour les femmes, une glycémie à jeun > 1 g/l ou un traitement antidiabétique et un IMC d’au moins 30 kg/m2. Sur 18 924 patients, 3 882, soit 41 %, des 9 462 du groupe alirocumab et 3 859, soit 41 %, des 9 462 du groupe placebo, avaient au moins 3 facteurs de risque métabolique. Dans le groupe placebo, l’incidence des ECM a augmenté de manière monotone avec chaque facteur de risque métabolique depuis une valeur de 7.8 % (aucun facteur de risque) à une valeur de 19.6 % (5 facteurs de risque), donnant un hazard ratio de 1.18 (IC 95 % = 1.13 – 1.24 pour chaque facteur de risque métabolique). L’alirocumab a diminué le risque relatif d’ECM de manière univoque quelles que soient les catégories définies par le nombre de facteurs de risque métabolique mais la réduction du risque absolu a augmenté avec le nombre de facteurs de risque métabolique (en l’absence de facteur de risque, la réduction du risque absolu = 0.7 % ; -1.81 à 3.29) versus 5 facteurs de risque (réduction du risque absolu = 3.9 % ; -1.45 à 9.25 ; p < 0.001). De manière similaire, lorsque les patients diabétiques étaient exclus, l’incidence des ECM dans le groupe placebo a augmenté de 7.7 % chez les patients n’ayant pas de facteur de risque métabolique à 14.6 % chez ceux qui avaient 5 facteurs de risque métabolique et la réduction du risque absolu sous alirocumab a augmenté, passant de 0.91 % chez les patients sans facteur de risque métabolique à 3.82 % chez ceux qui avaient 5 facteurs de risque métabolique. L’alirocumab a été bien toléré dans tous les sous-groupes définis par la présence de facteurs de risque métabolique. En conclusion, l’accumulation des facteurs de risque métabolique est associée à un risque supérieur d’événement cardiovasculaire majeur chez les patients ayant un syndrome coronarien aigu récent. L’alirocumab réduit les événements cardiovasculaires de manière nette et constante mais la réduction du risque absolu augmente avec le nombre de facteurs de risque métabolique.

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