Oxygénothérapie à la phase aiguë de l’infarctus : pas plus d’intérêt chez les diabétiques que chez les non-diabétiques

15/11/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA Diabétologie
L'infarctus du myocarde (IDM) est défini comme une mort cellulaire du myocarde due à une ischémie prolongée par inadéquation entre l'apport et la demande en substrats et en oxygène.

Pendant des décennies, il était recommandé (recommandations fondées sur l'opinion d'experts) de mettre en route une oxygénothérapie à tous les patients à la phase aiguë. L’étude “Determination of the Role of Oxygen in Suspected Acute Myocardial Infarction (DETO2X-AMI)”, publiée en 2017 (1), ayant démontré que l'oxygénothérapie n'était pas associée à une réduction de la mortalité, les nouvelles recommandations n’indiquent plus l'oxygénothérapie en routine chez les patients normoxiques présentant un IDM aigu. Ces recommandations s’appliquent-elles aux diabétiques chez lesquels le stress oxydatif peut revêtir une importance particulière ? Pour le déterminer, les effets de l’oxygénothérapie ont été différenciés chez les patients avec et sans diabète faisant un IDM, par une sous-analyse de l'essai DETO2X-AMI (2). Dans cette étude, 6 629 patients normoxiques suspects d'IDM avaient été randomisés à recevoir soit de l’oxygène à raison de 6 L / min pendant 6 à 12 h, soit de l'air ambiant. Sur les 5 010 patients dont l’IDM a été confirmé, 934 avaient un diabète connu. L'objectif principal de l’étude était d'étudier l'effet de l’oxygénothérapie sur un critère composite (décès de toutes causes et ré-hospitalisations avec IDM ou insuffisance cardiaque), à un an, chez les diabétiques et les non diabétiques. Comme attendu, les taux d'événements étaient significativement plus élevés chez les diabétiques par rapport aux non diabétiques. En effet, pour le critère composite d'évaluation principal, le hazard ratio (HR) était de 1,60 (IC 95% : 1,32–1,93, p <0,01). Chez les diabétiques, le critère composite d’évaluation principal a été observé chez 16,2% (72 sur 445) des patients ayant reçu l’oxygène et 16,6% (81 sur 489) de ceux ayant reçu l’air ambiant (HR= 0,93 ; IC 95% : 0,67–1,27, P = 0,81). Il n'y avait pas de différence statistiquement significative pour chacune des composantes individuelles du critère d'évaluation composite ou pour le taux de décès cardiovasculaire jusqu'à 1 an. De même, les critères de jugement correspondants chez les non diabétiques étaient similaires entre les groupes de traitement. Ainsi, malgré des taux d'événements nettement plus élevés chez les patients atteints d'IDM et de diabète, l'oxygénothérapie n'a pas eu d'incidence significative sur les décès toutes causes confondues, les décès d'origine cardiovasculaire ou les ré-hospitalisations après un an, indépendamment de l’existence d’un diabète sous-jacent, ce qui est conforme aux résultats de l'ensemble de l'étude.

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Michel Lemariey-Barraud

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