Les patients rapportent souvent une fatigue importante, une mauvaise qualité de sommeil, une bouche sèche et des douleurs articulaires et musculaires qui répondent plus ou moins bien au traitement substitutif par les hormones thyroïdiennes quand ils sont en hypothyroïdie. Chez les patients qui gardent des symptômes malgré un équilibre thyroïdien correct, certains se demandent si les symptômes ne seraient pas en rapport avec la maladie auto-immune plus qu’avec l’hypothyroïdie. Une équipe norvégienne s’est donc intéressée au groupe des patients ayant une maladie auto-immune traités médicalement et qui gardaient des symptômes et a proposé de réaliser une thyroïdectomie dans le cadre d’une étude randomisée. Cent-cinquante patients âgés de 18 à 79 ans, ayant des symptômes persistants malgré une euthyroïdie sous traitement substitutif et dont les anticorps anti-TPO étaient > 1000 U/ml, ont été tirés au sort pour soit subir une thyroïdectomie (susceptible de faire diminuer le titre des anticorps anti-TPO et donc d’améliorer la maladie auto-immune sous-jacente) ou de continuer simplement le traitement médicamenteux. Le critère d’évaluation principal était le score de santé générale du SF36 à 18 mois. Au cours du suivi, le groupe des patients opérés a montré une amélioration avec un score de santé générale qui est passé de 38 à 64 (la différence entre groupes est de 29 points ; IC 95 % : 22 à 35) à 18 mois. Le score de fatigue a diminué, passant de 23 à 14 points (différence entre les groupes de 9.3 points ; 7.4 à 11.2). La fréquence de la fatigue chronique a diminué, passant de 82 à 35 %, soit une différence entre les 2 groupes de 39 points de pourcentage (23 à 53). Les titres médians d’anticorps anti-TPO ont diminué, passant de 2 232 à 152 U/ml après l’opération, avec une différence entre les groupes de 1148 U/ml (1080 à 1304). En analyse de régression multivariée, les effets ajustés du traitement restent similaires aux effets non ajustés. En conclusion, selon cette étude, une thyroïdectomie totale améliorerait la qualité de vie et la fatigue alors que le simple traitement médical ne le permettrait pas chez les patients ayant une maladie de Hashimoto avec des symptômes persistants malgré l’euthyroïdie sous traitement substitutif. Cette amélioration, qui se fait de manière concomitante à la baisse des anticorps anti-TPO, pourrait expliquer les mécanismes de la maladie. Pour autant, faut-il proposer une thyroïdectomie, potentiellement grevée d’effets secondaires (hypoparathyroïdie, lésion récurentielle…) à tous ces patients ? La question reste ouverte !
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