Cancer du sein sous hormonothérapie : l’importance de l’observance thérapeutique précisée
Avec une équipe de chercheurs, elle a donc voulu en d’avoir plus sur l’impact d’une mauvaise observance thérapeutique de l’hormonothérapie anti-cancéreuse sur l’évolution de la maladie. Pour cela, ces auteurs ont mené une étude à partir de 1 177 femmes non ménopausées ayant un cancer du sein localisé, issues de la cohorte nationale Canto (pour CANcer TOxicities ; 12 000 femmes atteintes d’un cancer du sein localisé). Les participantes étaient traitées par tamoxifène. Elles ont répondu à un questionnaire sur la prise du traitement. En parallèle, des dosages sanguins du médicament étaient réalisés. Premier enseignement : il existe une proportion importante de mauvaise observance au traitement. Ainsi, les résultats sanguins ont montré qu’une femme sur six (16 %) ne suit pas la prescription médicale après seulement un an de traitement, «ce qui est élevé par rapport à ce qui avait été décrit auparavant», indique le Dr Pistilli. En outre, la moitié de ces patientes non observantes ne l’avaient pas mentionné dans le questionnaire de suivi. « Nous observons une importante dissociation entre ce que ces femmes osent nous dire et la réalité. Il faut que nous puissions comprendre pourquoi, afin de leur proposer une aide mieux adaptée et une approche plus personnalisée. Il est important de changer la manière dont on prend en charge ces patientes pour améliorer leur adhésion au traitement » appuie le Dr Inès Vaz-Luis, oncologue à Gustave Roussy qui a dirigé l’étude. Les données établissent, par ailleurs, un lien direct et rapide entre perte de chance et non-adhésion à l’hormonothérapie. Ainsi, à trois ans, le risque de rechute de la maladie, localement et à distance (métastases), est multiplié par 2,31 lorsque les femmes ne prennent pas leur hormonothérapie la première année, « ce qui est considérable », souligne Barbara Pistilli. « A trois ans, 95 % des femmes qui ont suivi le traitement n’ont pas rechuté, alors que c’est seulement 89,5 % de celles qui ont moins bien adhéré ». « Selon les nouvelles mesures que nous sommes en train de réaliser, l’écart semble se creuser encore davantage tant sur le risque de rechute que sur la mortalité après cinq à dix ans de traitement d’hormonothérapie non suivi », complète Inès Vaz-Luis. Enfin, l’étude identifie également des facteurs associés à une moins bonne adhésion au traitement. Il s’agit de : l’apparition d’effets indésirables lié aux traitements (fatigue, douleurs musculaires et articulaires), de la présence d’autres maladies, mais aussi du fait de ne pas avoir reçu de chimiothérapie lors du traitement du cancer et de ne pas vivre en couple. En revanche, il n’a pas été observé de lien direct avec les types de traitements locaux (chirurgie et radiothérapie), la gravité du cancer (son stade), l’indice de masse corporelle, les autres effets secondaires des traitements (autre que la fatigue et les douleurs musculaires et articulaires), l’anxiété ou la dépression. « L’interprétation de ces résultats est plus complexe qu’il n’y paraît. Le fait d’avoir été traitée par chimiothérapie provoque de la fatigue et celle-ci semble être un frein à la prise régulière du traitement hormonal. Paradoxalement, ne pas avoir reçu de chimiothérapie – indiquée pour diminuer le risque de récidive – semble aussi diminuer l’adhésion au traitement», analyse le Dr Pistilli. Pour les auteurs, ces données devraient permettre de développer des solutions et outils adaptés pour améliorer le suivi du traitement.
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