Vaccins Covid et troubles cardiaques : un risque rare mais présentant encore de nombreuses incertitudes
Cette étude dresse l'état des connaissances sur la fréquence des myocardites et péricardites, après vaccination par Moderna ou Pfizer/BioNTech. Elle a pris en compte 46 travaux préalables.
Les résultats confirment globalement de précédentes observations. Le risque de myocardite apparaît plus élevé chez les jeunes hommes que dans tout autre groupe. Il semble aussi, même si les conclusions sont un peu moins tranchées, plus fréquent après un vaccin Moderna que Pfizer/BioNTech. Ces conclusions appuient donc le choix de certains pays, comme la France, de réserver le vaccin Moderna aux plus de 30 ans, alors que d'autres, comme les Etats-Unis, n'ont pas fait de telle distinction.
Il ne s'agit donc pas de remettre en cause l'intérêt des vaccins à ARN messager. Cependant, pour deux chercheurs américains, Jing Luo et Walid Gellad, dans un éditorial paru dans le même numéro du BMJ, il y a de quoi rester insatisfait quant à l'état actuel des connaissances sur ce sujet. "C'est certain, les myocardites sont rares après la vaccination", résument-ils. "Mais à quel degré de rareté ? La question reste d'une importance cruciale."
L’étude souligne les différences méthodologiques et de résultats observées entre les études. C’est le cas en particulier en ce qui concerne la vaccination des enfants. Ainsi, si les myocardites apparaissent "très rares chez les enfants âgés de 5 à 11 ans", ces conclusions ont une "faible" solidité à cause du manque de données disponibles, selon les auteurs. D'autres questions restent largement incertaines. La plupart du temps, les cas de myocardites et péricardites se sont résolus sans gravité, mais ils ont très rarement été suivis à long terme. On peut donc s'interroger sur le risque de séquelles durables.
Enfin, on ignore largement si les risques sont aussi élevés après une dose de rappel, une question importante alors que les pays développés ont largement vacciné leur population et s'interrogent maintenant sur la fréquence à donner à des campagnes de rappel. Sur ce sujet, toutefois, certains chercheurs commencent à apporter des réponses. Rendue publique vendredi, une étude française s'avère ainsi plutôt rassurante. Ce travail, qui doit encore être indépendamment relu puis publié dans une revue scientifique, est le nouveau volet d'une série d'études sur la vaccination anti-Covid menées par Epi-Phare, une structure associant l'autorité du médicament (ANSM) et la Sécurité sociale, sur la base de données de santé publique concernant des millions de Français. Les auteurs concluent que le risque de myocardite est relancé par une dose de rappel de Pfizer/BioNTech ou Moderna, mais à un degré moindre que lors de la vaccination initiale. "De plus, le risque diminue avec l'allongement des délais entre chaque dose successive", constatent les chercheurs, emmenés par l'épidémiologiste Mahmoud Zureik.
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